Sergueï Lavrov attendu ce lundi soir au Mali. Avec ce séjour, il s’agit désormais pour Bamako et Moscou d’afficher l’amitié russo-malienne au grand jour. Abdoulaye Diop et son homologue consolident l’axe Moscou-Bamako. Mais pourquoi maintenant ?
Finis les vas et viens discrets entre les officiels des deux capitales. Le début de cette année marque l’officialisation de l’axe Moscou-Bamako aux yeux du monde. Désormais, Mali comme Russie assument au grand jour leur alignement géopolitique, au grand dam des partenaires traditionnels du Mali, au premier rang desquels la France, dont les mises en garde contre « l’impérialisme russe » ont, au mieux fait sourire les Africains, au pire, une nouvelle fois fait secouer les têtes aussi ahuries par le symbolisme inversé de la réplique que par ses implications : Paris ne semble pas encore prête à assainir ses relations avec le continent.
Pourquoi maintenant ?
Un an après la demande du départ « sans délai » de la force Barkhane faite par les autorités maliennes, suivie la rupture des relations diplomatiques avec la France, Bamako a tourné, seule, une page de son histoire. En dépit du conflit russo-ukrainien qui met en scène une « guerre économique et financière totale » de l’Occident contre Moscou visant à provoquer « l’effondrement de l’économie russe » et malgré le soutien en armements à Kiev, la Russie se gardait de clamer l’évidence. Pour le Kremlin, il s’agissait de marcher sur une ligne de crête : d’une part, éviter la confrontation diplomatique directe avec Paris, seule capitale occidentale à tempérer le refrain manichéen et belliciste contre Moscou par une visite précoce qui, pour la France, aurait eu l’effet d’un soufflet, amplifiant son humiliation africaine ; d’autre part, avancer ses pions sur le continent, lui permettant d’ouvrir un front par proxy avec l’Occident, notamment à travers le groupe Wagner.
Mais le jeu d’équilibriste prend fin ce lundi avec la visite officielle de Sergueï Lavrov au Mali. Le ministre russe des Affaires étrangères constate ainsi le nouveau chapitre souverainement ouvert par les autorités de Transition. Un calendrier accéléré aurait été une faute diplomatique de nature à alimenter la thèse du « grand remplacement impérialiste ». Agitée par les pourfendeurs de ce réalignement géopolitique, elle est aussi néfaste aux États africains concernés qu’à la Russie.
Bamako continue à « diversifier les partenariats stratégiques »
« Première du genre d’un Ministre des Affaires Etrangères russe dans notre pays, cette visite de haut niveau s’inscrit en droite ligne du choix politique opéré par le Gouvernement de la Transition d’élargir et de diversifier les partenariats stratégiques, conformément aux principes clés guidant désormais l’action publique au Mali. A cet égard, elle matérialise la volonté ferme des deux Chefs d’Etat malien et russe d’impulser une nouvelle dynamique aux relations d’amitié et de coopération bilatérale, avec un accent particulier sur le renforcement du partenariat dans les domaines prioritaires, notamment de la défense et de la sécurité ainsi que de la coopération économique, commerciale et culturelle. »
Communiqué officiel du gouvernement malien
À la tête « d’une forte délégation », la visite d’amitié et de travail de Sergueï Lavrov sera axée sur la coopération sécuritaire et de Défense, l’autorité de l’État central malien étant toujours défiée par plusieurs groupes terroristes. Accompagné par son homologue Abdoulaye Diop lors des diverses étapes de ce séjour, le ministre russe des Affaires étrangères s’entretiendra également avec le colonel Assimi Goïta.
Teria News