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Cameroun : Après Martinez Zogo, assassinat de son confrère, Jean Jacques Ola Bébé

Encore un journaliste tué au Cameroun. Le corps de Jean Jacques Ola Bébé, proche de Martinez Zogo et un des premiers à avoir dénoncé son assassinat, a été retrouvé mort dans la nuit de jeudi à vendredi à Yaoundé.

Deux semaines après le meurtre de Martinez Zogo, tombé les armes à la main sur le champ de la liberté d’expression, c’est un de ses proches qui est retrouvé mort. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le corps de Jean Jacques Ola Bébé a été retrouvé sans vie gisant sur le sol d’une rue située dans le quartier Emonbo, à Yaoundé. Prêtre au sein de l’église orthodoxe du Cameroun, Jean Jacques Ola Bébé avait été un des premiers à révéler l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. Il aurait été froidement abattu.

Jean Jacques Ola Bébé et Martinez Zogo, même combat

Le meurtre de Jean Jacques Ola Bébé intervient deux semaines après celui de Martinez Zogo. Directeur général de la radio privée Amplitude FM, il a été retrouvé mort, le corps mutilé devant un poste de gendarmerie, 5 jours après son enlèvement.

Âgé de 41 ans, à l’instar du journaliste, l’animateur radio et communicateur dénonçait régulièrement la corruption des élites camerounaises des secteurs privé comme public et incarnait une des voix les plus courageuses en faveur des Droits humains au Cameroun. Il y a un an, il s’est illustré dans une campagne menée contre l’archevêque de Yaoundé, Jean Mbarga, concernant une paroisse en litige à Nkoabang.

« Les enfants demandent d’après leur père et je suis incapable de répondre. Hier soir vers 17h00, il est rentré et m’a dit qu’il a remarqué qu’il est suivi par des individus et qu’il devait quitter la maison pour un moment. Très tôt ce matin, je reçois un appel, et on m’informe que mon mari est décédé. Quand je suis allée voir son cadavre, la mousse sortait de sa bouche »

Épouse de Jean Jacques Ola Bébé  

Quelques jours auparavant, Jean Jacques Ola Bébé assurait que l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga, soupçonné d’avoir commandité l’assassinat de Martinez Zogo, n’était pas impliqué dans la disparition de son confrère. Disant craindre pour sa vie, le prêtre ajoutait devoir garder le silence.

Quid de l’enquête sur le meurtre de Martinez Zogo ?

Devant l’indignation suscitée par le meurtre du journaliste, les autorités camerounaises ont été contraintes à l’action. Mercredi, deux hauts fonctionnaires ont été entendus par le Secrétariat d’État à la défense. Le premier, Justin Danwe, lieutenant-colonel et directeur des opérations de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) aurait, selon des informations de Jeune Afrique, piloté « l’enlèvement, la séquestration, la torture et le meurtre du journaliste ». Le second, le commissaire divisionnaire Léopold Maxime Eko, dirige le contre-espionnage camerounais. Il est tristement célèbre pour avoir organisé le rapatriement forcé d’un ancien putschiste de 1984, Guérandi Mbara, en 2013 et porté disparu depuis.

L’assassinat coup sur coup de deux voix de la lutte contre la corruption au Cameroun vise, dénoncent les journalistes locaux, à créer un climat de terreur visant à museler la presse. Non plus seulement à travers la censure, mais en renforçant l’auto-censure, mécanisme d’autoprotection agissant dans un contexte d’insécurité nourri par la peur de représailles.

Teria News

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