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Pourquoi des indépendances en vert, jaune, rouge ?

Des indépendances en vert, jaune, rouge ou rouge, noir, vert. Pourquoi tant de pays africains partagent-ils les mêmes couleurs sur leur drapeau ? Retour sur l’histoire d’un symbolisme panafricain.

À l’orée des indépendances, les pays africains, victimes de la guerre culturelle menée par les colons contre les marqueurs de leur identité, sont confrontés à l’impératif de se réinventer en puisant dans leur héritage endogène. Afin de tourner la page et rompre avec la période coloniale, nombreux seront-ils à se tourner vers des symboles évoquant fierté Noire, résistance et gloire civilisationnelle. C’est ainsi que, comme pour le choix du nom des États accédant à la souveraineté internationale, souvent inspiré de grands royaumes d’Afrique impériale comme l’Empire du Ghana pour le Ghana contemporain et le Royaume du Bénin pour le Bénin actuel, celui des couleurs des drapeaux puise dans un passé vierge de toute oppression coloniale.

L’irréductible Éthiopie, symbole de souveraineté Noire  

N’ayant jamais connu la colonisation européenne, notamment grâce à la mythique bataille d’Adoua (ou Adwa) dans la région du Tigray laquelle, en 1896 vit les troupes italiennes écrasées par l’armée de Ménélik II et son épouse Taytu Betul, les regards des nouveaux États se tournèrent naturellement vers les couleurs de l’Éthiopie. Après la victoire sur l’envahisseur italien, l’Empereur Ménélik II adopta comme étendard national un drapeau frappé des couleurs vert, jaune, rouge et du Lion de Juda, symbole de la tribu israélite de Juda, dont le premier roi éthiopien Ménélik Ier, fils de Salomon et les empereurs éthiopiens comme Ménélik II ou Hailé Sélassié seraient des descendants.

Le triptyque vert, jaune, rouge nommé « couleurs panafricaines », fut arboré par plusieurs pays africains dont (en plus de l’Éthiopie) le Sénégal, les deux Guinées, le Congo-Brazzaville, le Mali, le Cameroun, le Ghana, le Bénin, le Togo, le Burkina Faso et São Tomé et Principe.  

Actuel drapeau éthiopien frappé, au centre, d’un pentagramme (accompagné de cinq branches) qui représente l’unité et l’égalité des peuples au pays. Le pentagramme remplace le lion d’Abyssinie adopté sous Ménélik II

Le drapeau de l’UNIA, emblème de fierté Noire

« Montrez-moi une race ou une nation sans drapeau, je vous montrerai une race de gens sans fierté. C’est ça ! Dans des chansons et dans des parodies, ils ont dit : “Toutes les races ont un drapeau sauf les Négros.” C’est clair ! Mais ça a été dit de nous il y a quatre ans. Ils ne peuvent plus le dire maintenant. »

Marcus Garvey

La Universal Negro Improvement Association (UNIA) de Marcus Garvey, père du panafricanisme, fut l’autre inspiration des nouveaux États africains. Ici, au rouge, symbole du sang versé par les Noirs et au vert, emblème d’espoir, s’ajouta le noir, couleur de peau des enfants d’Afrique. Quant au jaune préféré par Ménélik II, il rappelle l’or dont regorge le continent et ainsi, sa richesse. 

Drapeau panafricain créé par l’UNIA

Le premier drapeau de l’Union africaine (UA) lui, se voulait une synthèse des principales couleurs arborées par les États membres, à savoir : le blanc, symbole de paix, le vert, le rouge et le jaune. Enfin, l’actuel drapeau de l’UA, montrant une carte de l’Afrique sur fond vert, entourée de 55 étoiles jaunes et plaquée sur un soleil stylisé blanc, reprend trois des précédentes couleurs.

Teria News

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