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RDC : Félix Tshisekedi proclame « l’état de siège » dans le Nord-Kivu et l’Ituri

Vendredi, le président de la République démocratique du Congo a décrété l’« état de siège » dans les deux provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri dans l’Est du pays, meurtries par la violence et des massacres de civils perpétrés par des groupes armés. L’administration civile y sera remplacée par l’administration militaire. Une « ordonnance » viendra préciser les modalités d’application de cet « état de siège ».

Au cours de son compte-rendu suite à la décision prise en Conseil des ministres vendredi soir, le porte-parole du gouvernement a annoncé qu’une « ordonnance » viendrait préciser les modalités d’application de cet « état de siège ». « Le président de la République a informé le Conseil des ministres de sa décision de proclamer, conformément à l’article 85 de la Constitution, un état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri », a ainsi déclaré Patrick Muyaya. « Une ordonnance présidentielle sera rendue publique dans les prochaines heures », a-t-il ajouté.

L’administration civile remplacée par l’administration militaire

L’article 85 de la Constitution congolaise prévoit que le président proclame « l’état d’urgence ou l’état de siège » « lorsque des circonstances graves menacent, d’une manière immédiate, l’indépendance ou l’intégrité du territoire national, ou qu’elles provoquent l’interruption du fonctionnement régulier des institutions ». « Il en informe la Nation par un message », ajoute la Loi fondamentale.

Jeudi, le président congolais avait annoncé préparer des « mesures radicales » pour répondre à l’insécurité dans l’Est du pays. Lundi, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde évoquait déjà « l’état d’urgence » à l’Est, « avec notamment le remplacement de l’administration civile par l’administration militaire ». Ces annonces ne sont pas de nature à rassurer dans cette zone où les forces de sécurité sont accusées d’exactions. En effet, l’ONU affirme que dans ces territoires, il y a chaque jour plus de sept exécutions, six par les groupes armés, une par les forces de sécurité. De plus, principalement dans l’est du pays, entre février et mars, le bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme a enregistré une hausse de 127% des violations commises par l’armée. Elles sont de 64% pour la police nationale.

Son pouvoir retrouvé après avoir réussi à desserrer l’étau de son pacte morbide conclu en 2018 avec Joseph Kabila, Félix Tshisekedi en quête d’affirmation devait marquer le coup. D’autant que ce Conseil des ministres était le premier de son gouvernement d’union sacrée dévoilé le 12 avril après moultes négociations et acrobaties pour concilier ses différentes tendances.

L’Est de la RDC disputé au pouvoir central par plusieurs groupes rebelles

Des dizaines de groupes armés sèment l’insécurité et la terreur dans l’Est de la RDC. Parmi eux figurent les ADF (Forces Démocratiques Alliées). Principale cible des forces de sécurité congolaise, les ADF, à l’origine des rebelles musulmans ougandais, sont les plus meurtriers. On leur attribue à eux seuls le massacre de plus de 1 000 civils depuis novembre 2019 dans le territoire de Beni.

Dans ce contexte, la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) s’illustre par sa passivité. Accusée de ne rien faire face aux groupes armés, surtout de ne pas protéger les civils, les populations locales réclament son départ.

L’argent est le nerf de la guerre dit l’adage. Riches en minerais et situées à la frontière de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, les deux provinces du Nord et du Sud-Kivu ont basculé dans la violence lors des deux guerres du Congo (1996-97, 1998-2003), sans réelle accalmie. Plus au nord, après une trêve d’une quinzaine d’années, la province de l’Ituri subit le même sort depuis la fin 2017.

Mardi 25 avril, alors qu’il était en séjour dans la capitale française, Félix Tshisekedi a demandé à Emmanuel Macron l’aide de la France pour « éradiquer » les ADF dans la région de Beni (Nord-Kivu), un groupe armé « à tendance islamiste, au discours islamiste et aux méthodes islamistes » selon lui. Ce faisant, le président congolais fait fi de l’histoire et réactive les mécanismes incestueux et pervers de la françafrique. Rappelons en effet que la coopération militaire avec la France n’a jamais stabilisé un quelconque territoire africain. Elle ne fait que solidifier le cordon ombilical entre Paris et ses anciennes colonies qui invitent un cheval de Troie sur leur sol. Conscient de son efficacité sur les occidentaux, il joue par ailleurs sur le nerf sensible de la propagation de groupes islamistes, les ADF ayant prêté allégeance à l’Etat islamique en 2019.

Teria News

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