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Le gaz du Nigéria, objet de convoitises régionales et internationales 

Le Nigeria au cœur d’une guerre de gazoducs entre l’Algérie et le Maroc. Les deux puissances rivales du Maghreb se livrent un bras de fer pour être la première à fournir du gaz nigérian à l’Europe qui veut désormais se passer du gaz russe.

Maroc et Algérie se disputent le gaz nigérian à la faveur des bouleversements énergétiques entrainés par le conflit russo-ukrainien. En effet, l’embargo européen progressif sur le gaz russe à l’horizon 2027 est une opportunité pour les pays africains producteurs de gaz, dont la première puissance économique du continent. Ainsi, en Afrique, Abuja se retrouve en première ligne pour remplacer le gaz russe auprès des ménages et entreprises européennes. Mais encore faut-il pourvoir transporter cet or bleu vers l’Europe. Privilégiant l’option de gazoducs, le Maroc et l’Algérie se disputent le marché ouvert par la guerre en Ukraine.

Alger mise sur son gazoduc transsaharien

En plus de renforcer ses partenariats avec les pays européens en augmentant la quantité de gaz fournie, l’Algérie ambitionne d’acheminer 30 milliards de mètres cube de gaz en provenance du Nigeria via un gazoduc transsaharien passant par le Niger. L’Algérie se chargera ensuite le l’envoyer en Europe via les gazoducs TransMed (Algérie, Tunisie, méditerranée, Italie) et Medgaz (Algérie, méditerranée, Espagne). En juillet, un accord a été signé entre Alger, Abuja et Niamey à cet effet.

Destiné au marché européen, la sécurité du tracé du gazoduc transsaharien pose problème. L’instabilité au Sahel et au nord du Nigéria liée aux menaces jihadistes font peser un risque sur deux des trois pays impliqués.

Rabat accélère son projet de gazoduc offshore

Mais le Maroc, grand rival régional de l’Algérie avec qui les relations sont rompues depuis un an, entend aussi profiter du juteux marché européen. Tout comme Alger, Rabat lorgne sur le gaz nigérian en proposant de l’acheminer via un gazoduc transitant par une douzaine de pays. Un mémorandum d’accord a ainsi été signé en septembre avec une compagnie d’hydrocarbure nigériane et la CEDEAO. Contrairement au gazoduc transsaharien, ce second projet ambitionne la construction d’un gazoduc offshore (en mer), le long de pays d’Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest. Des dérivations vers des pays comme le Burkina Faso et la Mauritanie, pour leur usage propre, ont déjà été signés. Ici, le Maroc cible le marché européen certes, mais également le marché africain. Ce gazoduc permettrait notamment d’alimenter l’industrialisation de certains pays de la région.

Dans le cadre des deux projets, le transit d’un gazoduc par un pays représente un atout car les droits de transit (5% en nature, argent ou une compensation hybride) peuvent constituer une manne pour les finances publiques. Loin d’être à un stade avancé, les gazoducs concurrents restent à l’état d’étude bien que le tronçon Nigeria-Niger du projet transsaharien peut d’ores et déjà se prévaloir d’un taux d’avancement de 70%. Les deux projets sont notamment freinés par leurs coûts importants : plus de 20 milliards de dollars par gazoduc, la question de la perception des risques par les investisseurs et le nombre de pays partenaires, en ce qui concerne le gazoduc marocain. Autant d’éléments qui les inscrivent dans le temps moyen à long. Enfin, si les deux projets ont été conçus avant le conflit russo-ukrainien, dans les années 1980 pour le gazoduc transsaharien et en 2016 pour le projet marocain, la guerre en Ukraine leur a résolument donné un nouvel élan.  

Teria News

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