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Mali : la relecture de la Charte de Transition divise la classe politique

L’opposition accuse Assimi Goïta de vouloir renforcer ses pouvoirs. Vendredi 4 février, la relecture de la Charte de Transition a officiellement été lancée par les autorités maliennes. Est-ce la fin de l’union nationale formée après les sanctions de la CEDEAO et les manifestations du 14 janvier ?

Les autorités maliennes de Transition se défendent de toute volonté de tripatouillage. Vendredi, le Conseil des ministres a adopté un projet de loi portant relecture de la Charte de la Transition.

L’objectif, affirme Bamako, est d’y inscrire la prorogation de la durée de Transition, de rationaliser la répartition des responsabilités au sein de l’exécutif et de permettre une gouvernance plus inclusive. En effet, dans un premier temps, le projet d’amendement de la Charte prévoit d’inclure les conclusions des Assises nationales de la refondation lesquelles, recommandaient une prolongation de la Transition de 6 mois à 5 ans. Deuxièmement, le projet implique la suppression du poste de Vice-président afin, selon Bamako, d’ « éviter les duplications des missions et permettre au ministre chargé de la Défense et au ministre chargé de la sécurité de recouvrer et d’exercer la plénitude de leurs attributions traditionnelles ». Enfin, les autorités maliennes souhaitent « l’augmentation du nombre de membres du CNT [Conseil National de Transition, ndlr]», actuellement au nombre de 121. Il est par ailleurs demandé au CNT une révision de la loi électorale.

Procès d’intention de l’opposition ?

Les explications des autorités centrales n’y font rien. Une partie de l’opposition voit rouge et accuse Assimi Goïta de vouloir renforcer ses pouvoirs. « Un changement inutile », a estimé Ismaël Sacko, porte-parole du Cadre d’échange des partis politiques pour la réussite de la transition. « Cette démarche dénote d’une volonté manifeste des autorités maliennes de faire cavalier seul et d’agir de façon dictatoriale pour confisquer le pouvoir et pour s’y éterniser. Le Cadre estime que la priorité des priorités est de proposer un calendrier électoral consensuel avec l’ensemble des forces vives de la nation », a-t-il ajouté.

« La révision de la charte ne parle nullement du renforcement des pouvoirs du président. Premièrement, il s’agit de sortir du cataclysme juridique et du vide constitutionnel. Deuxièmement, de permettre au ministre de la Défense de jouir pleinement de tous les pouvoirs au niveau de la sécurité et de la défense. Troisièmement, il s’agit d’élargir le CNT et de faire en sorte que nous soyons conformes par rapport à la composition du gouvernement »

Aboubacar Sidiki Fomba, membre du CNT

De plus, le Cadre voit derrière la révision de la loi électorale, l’ambition d’Assimi Goïta de se maintenir au pouvoir au-delà de la période de Transition, en faisant sauter l’interdiction de se présenter à la présidentielle prévue être organisée après la clôture de la Transition.

En attendant les conclusions des travaux du CNT, les accusations du Cadre pourraient sonner le glas de l’unité nationale observée avec les manifestations monstres du 14 janvier, organisées en réaction aux sanctions de la CEDEAO. Réelles préoccupations, opportunisme politique voire manipulations par des puissances étrangères, dans tous les cas, l’image renvoyée sur la scène internationale, en particulier devant les adversaires du Mali, est une invitation supplémentaire à accabler le pays. Alors que le Mali joue la plus grande partie d’échec géopolitique de son histoire depuis les indépendances, si le pays venait à tomber dans le piège de la division, il ouvrirait une brèche et donnerait des munitions aux forces qui résistent à son émancipation.

Teria News

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