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L’Allemagne assure sa sécurité énergétique en Afrique

Tournée africaine du chancelier allemand. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, Olaf Scholz fait le tour de la planète pour remplacer le gaz russe dont Berlin est lourdement dépendant. Une nouvelle fois, l’Afrique vole au secours de l’Europe.

Ils courent la planète. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et les sanctions actées contre le pétrole et le gaz russes, les dirigeants occidentaux font le tour du monde pour assurer leur sécurité énergétique. Difficile toutefois de faire sans les pipelines russes, en particulier pour les européens qui d’aucuns accusent de s’être laissés entrainer dans un engrenage énergétique sans toutefois avoir la visibilité de Washington. L’Oncle Sam en effet, n’importe qu’une fraction marginale de son pétrole et son gaz de Russie. Mais surtout, portés par la révolution technique des énergies de schiste, les États-Unis sont aujourd’hui les premiers producteurs mondiaux de brut et de gaz.

L’Afrique au secours de l’Europe, mais à quel prix ?

Raillée pour son « laxisme » envers Moscou dont elle est lourdement dépendante sur le plan énergétique, l’Allemagne se tourne vers le continent africain pour remplacer le gaz russe. C’est notamment dans cette perspective qu’Olaf Scholz a entamé une tournée de 3 jours en Afrique.

En visite au Sénégal dimanche, le chancelier allemand y convoite les gisements du « Grand Tortue Ahmeyim », un méga-champ gazier frontalier (1 400 milliards de mètres cubes de gaz, à parts égales avec la Mauritanie). Chantier pour lequel Berlin est prêt à ouvrir le portefeuille. À en croire Macky Sall, président sénégalais et président en exercice de l’Union africaine, les efforts du Sénégal et du reste de l’Afrique ne se feront pas sans contreparties.   

Économiquement, la part de Dakar dans les futurs contrats énergétiques doit être revalorisée.

« Le Sénégal est prêt à travailler en vue d’approvisionner le marché européen en GNL [gaz naturel liquéfié], mais il faut d’abord que nous soyons soutenus dans notre participation dans de meilleures conditions que celles offertes actuellement par nos partenaires. »

Macky Sall, président sénégalais

Politiquement, l’Afrique doit être inclue, mieux représentée et écoutée dans les instances de décision à l’échelle internationale. « Que l’on soit invité au G20 comme membre. L’Afrique du Sud est membre, certes, mais le continent, l’Union africaine, devrait pouvoir être membre du G20 et pouvoir être présent dans les discussions, apporter la voix et l’analyse de l’Afrique sur les sujets qui nous concernent. Et je salue l’idée d’un monde multipolaire comme le chancelier l’a indiqué. », a indiqué Macky Sall.

Quant à son positionnement sur le conflit russo-ukrainien, Macky Sall a annoncé une visite en Russie et en Ukraine. Une façon d’affirmer la position non-alignée du continent africain : « Dès que c’est fixé, je me rendrai naturellement à Moscou, et aussi à Kiev, et nous avons aussi accepté de réunir l’ensemble des chefs d’État, qui le souhaitent, de l’Union africaine, avec le président ukrainien qui avait exprimé le besoin de communiquer avec les chefs d’Etat africains ».

Faisant monter les enchères, le Sénégal a été invité au sommet du G7, prévu se tenir en Allemagne en juin prochain, tout comme l’Afrique du Sud, autre étape de cette tournée allemande.

Le Niger, nouvel État-garnison du Sahel ?

Sur l’axe sécuritaire, Olaf Scholz a fait escale au Niger dimanche soir. Depuis février, le pays accueille les troupes étrangères devenues indésirables au Mali. Le chancelier entend renforcer la coopération militaire entre l’Allemagne et le Niger. Au menu de ce lundi, la visite de la base de la mission allemande des forces spéciales GAZELLE de la mission européenne de formation EUTM et les soldats de la Bundeswehr stationnés au Niger.

Mardi, pour la dernière étape de sa tournée, Olaf Scholz s’arrêtera en Afrique du Sud. Très dépendant des importations de charbon, Pretoria cherche des partenaires pour mener sa transition énergétique via des transferts de compétences.

Par ailleurs, la tournée africaine du chancelier allemand s’inscrit dans la droite ligne de l’initiative « Compact with Africa » lancée par Angela Merkel en 2017 laquelle, comprenait déjà des volets énergétiques. Mais la guerre à l’Est de l’Europe a créé une urgence, accélérant le calendrier allemand. Notons enfin que Berlin fait son marché seul alors que l’Europe s’évertue à afficher son unité sur le dossier énergétique. Décidé en commun, l’embargo progressif voté contre Moscou se compense individuellement.

Teria News

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