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Soudan : coup d’État dans la Transition

Coup d’État au Soudan. L’armée reprend les rênes de la Transition. Tôt ce lundi 25 octobre, des hommes armés ont arrêté le Premier ministre ainsi que plusieurs ministres et membres civils du Conseil souverain de Transition. Vers une normalisation des coups d’État sur le continent ?

Prévisible, ce coup de force de l’armée intervient dans le cadre de vives tensions entre les branches civile et militaire de la Transition. À couteaux tirés depuis plusieurs semaines, les deux groupes s’affrontaient par proxy dans la rue en instrumentalisant des manifestations pro-civils et pro-militaires. Deux ans après la chute d’Omar el-Béchir, le pacte scellé entre civils et militaires au sein du Conseil souverain de Transition, organe chargé de piloter cette période, est bel et bien rompu.

Tôt ce lundi matin, l’armée soudanaise a arrêté plusieurs dirigeants de la Transition dont le Premier ministre Abdalla Hamdok et la plupart des ministres. Plusieurs personnes sont descendues dans les rues de Khartoum et les syndicats appellent à la désobéissance civile. Mais déjà, se font entendre les tirs des forces de sécurité et sont comptés les premiers morts.

De plus, les militaires ont pris le contrôle de la télévision d’État et le général Abdel Fattah al-Burhane, président du Conseil souverain de Transition, a pris la parole. Il déclare l’état d’urgence, la dissolution du Conseil de Transition et du gouvernement ainsi que la révocation des gouverneurs régionaux. Désormais, l’armée prend en charge le processus de Transition avec un gouvernement dit « indépendant » jusqu’à des élections en juillet 2023, presque un an après celles prévues par la Charte de Transition, aujourd’hui caduque. Abdel Fattah al-Burhane justifie son coup de force par les divisions entre civils qui menaceraient la paix et la sécurité du Soudan.

Ce coup de force intervient quelques semaines avant le transfert de la présidence du Conseil à un civil. Le 17 novembre, le Soudan devait officiellement passer entre leurs mains, mais l’armée déclare ne pas être en mesure de céder de pouvoir à des civils aujourd’hui divisés en deux camps.

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Les réactions de la « communauté internationale » se sont faites promptes. «Tout changement du gouvernement de transition mettait en danger l’aide américaine», a déclaré l’émissaire des États-Unis pour la corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman. L’ONU pour sa part s’est dite «très inquiète des informations sur un coup d’État». La Ligue arabe a également affirmé être «inquiète». L’Union africaine appelle à la reprise «immédiate du dialogue entre civils et militaires». Mais jusqu’ici aucune réaction de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis ou de l’Egypte, soutiens historiques des militaires au Soudan. En résidence surveillée, Abdalla Hamdok a appelé à manifester.

Mali, Tchad, Guinée et aujourd’hui Soudan, la vague de coups d’État en Afrique se confirme et tend à normaliser les régimes de transition.  

Teria News

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