Initiative de Mahamat Déby ou celle d’Emmanuel Macron qui l’a installé au pouvoir ? À peine déployés, à peine retirés, ou presque. Alors que les attaques rebelles s’y multiplient, le Tchad a divisé par deux ses effectifs déployés en février dans le cadre de la Force G5 Sahel dans la « zone des trois frontières ».
Déployés dans la redoutable zone des trois frontières, où les attaques, toujours plus sanglantes, se sont multipliées ces dernières semaines, les soldats Tchadiens sont rappelés à N’Djamena. Les troupes tchadiennes sont basées à Tera, ville du sud-ouest du Niger.
Un timing surprenant
L’annonce de ce retrait samedi par le porte-parole du Conseil Militaire de Transition (CMT), au pouvoir depuis le coup d’État institutionnel mené suite au décès d’Idriss Déby, jette un trouble. Pourquoi déserter le terrain précisément quand la situation sécuritaire s’empire dans la zone? Rappelons que la dernière attaque des groupes rebelles essuyée samedi par un village Nigérien a tué une dizaine de civils. Lundi, une autre attaque avait fait 37 morts.
Le Tchad évoque une « décision concertée » avec ses partenaires du G5 Sahel. « Il nous reste environ 600 soldats sur le terrain. C’est une décision concertée de longue date avec le commandement du G5. On a voulu alléger le dispositif qui n’était pas adapté », a assuré le porte-parole. « Par rapport à la situation sur le terrain, il faut avoir une force mobile d’où le retrait de certaines de nos forces avec les armes lourdes », a-t-il poursuivi. « Notre volonté politique de faire face aux jihadistes reste intacte », a-t-il par ailleurs ajouté. Mais le Mali, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie voient-ils d’un si bon œil se voir amputés d’un contingent aussi important au plus fort du combat?
Un sabotage des efforts sécuritaires ?
Le timing de l’annonce du retrait de la moitié des 1.200 soldats Tchadiens envoyés par le Tchad par feu Idriss Déby, rappelons-le après insistance de la France, semble n’obéir à aucune logique. Dès lors, il est permis de s’interroger sur une volonté de sabotage de la part de N’Djamena, mais surtout, par son entremise, de la part de Paris. La France est en effet le parrain du nouveau régime Tchadien qu’Emmanuel Macron s’est empressé d’adouber lors des funérailles d’Idriss Déby. À peine assis sur le fauteuil présidentiel, Mahamat Déby ne peut avoir pris unilatéralement une décision aussi stratégique pour le G5 Sahel (initiative française), sans l’aval de celui qui l’y a installé.
Faut-il y lire des représailles de la France face à la montée du « sentiment anti-français » et à la dégradation de ses relations avec le Mali depuis le second coup d’État d’Assimi Goïta et sa demande de relecture des accords de coopération ? Ces premiers éléments ayant motivé la décision de retrait de Barkhane, vue comme une force d’occupation par les populations, s’agit-il de donner une leçon aux pays du Sahel? De leur donner un avant goût du chaos qui succéderait au retrait de Barkhane ? Ou encore, sommes-nous face à un chantage français pour forcer les États du Sahel à appeler officiellement Paris au secours ?
Notons enfin que ce retrait intervient une semaine après celui de la coalition occidentale d’Afghanistan.
Teria News