« La guerre de l’Eco a commencé », déclare Nathalie Yamb. Suite à l’adoption par le parlement Ivoirien de l’accord de coopération avec la France pour la mise en œuvre de l’Eco, la Dame de Sotchi dénonce le kidnapping et le torpillage de l’« Eco-CEDEAO » par Emmanuel Macron. Elle rappelle également que les « pseudo-experts » n’ont pas le monopole de l’Eco et que la monnaie est l’affaire de tous.
Dans une vidéo publiée mercredi 4 août, Nathalie Yamb est revenue sur les « Etats généraux » de l’Eco de mai dernier, présidés par le macro-économiste Togolais Kako Nubukpo, qu’elle avait volontairement boycotté au motif qu’il s’agissait d’un rendez-vous françafricain. La Dame de Sotchi a notamment jeté le discrédit sur Kako Nubukpo. Récemment nommé commissaire du Togo auprès de l’UEMOA, elle considère l’universitaire comme un « gardien du temple ». Autrement dit, un acteur du système, engagé à le défendre.
Conflit entre activistes et universitaires au sein du Front anti CFA
Ils ont besoin les uns des autres. Et pourtant, activistes et universitaires s’entredéchirent et se disputent la légitimité du discours anti franc CFA. Pour les uns, les universitaires sont des intellectuels de salon qui gardent leur savoir enfermé, en préfèrant le partager au cours de conférences qui ne touchent qu’une élite et rechignent à le faire circuler vers la base. Non pressés de provoquer un changement, ils se positionneraient sur le temps long alors que les activistes de l’autre côté estiment porter en eux un sens de l’urgence. Si les uns et les autres parviennent parfois à mettre de côté leurs divergences, elles ne manquent de resurgir.
Toutefois, certains, de part et d’autre s’opposent à ce clivage. Dans sa vidéo, Nathalie Yamb qui répond aux « attaques » dont elle a fait l’objet après son refus de participer aux « Etats généraux de l’Eco », dénonce le cloisonnement des acteurs du mouvement. En réponse à son refus, elle a été classée par les universitaires dans le rang des activistes agités qui ne comprennent pas ce dont ils parlent. « Il n’existe aucune relation hiérarchique » entre les deux rappelle-t-elle. Le franc CFA « n’est pas du ressort exclusif des économistes, il relève des domaines politique, culturel, historique, sociétal, communicationnel. Être économiste ou diplômé est loin d’être une garantie de fiabilité, il y en a tant parmi eux qui oublient la vérité et les principes pour ne suivre que leurs instincts carriéristes, corrompus et intestinaux. », explique-t-elle. « Le temps où un groupuscule de personnes pouvait prétendre exclure la masse des sujets qui touchent leur quotidien est terminé. », déclare-t-elle, avant d’ajouter : « Aujourd’hui, l’information est décryptée et elle circule et les gens ne se laissent plus blaguer par des entourloupes de bas niveau ».
Après la guerre contre le franc CFA, la guerre contre l’Eco est déclarée
« L’Eco-Macron, c’est le nouveau nom du franc CFA », affirme Nathalie Yamb. L’Eco de l’UEMOA ou « Eco-Macron » est depuis le départ dénoncé par les activistes comme une réforme cosmétique. En effet, premièrement, la parité fixe avec l’Euro demeure, alors que l’« Eco-CEDEAO », monnaie flexible, la rejette. Deuxièmement, la garantie de convertibilité est maintenue quand l’« Eco-CEDEAO » ne l’inclut pas. Troisièmement, la banque centrale de l’ « Eco-Macron » reste la BCEAO alors que l’ « Eco-CEDEAO » sera gérée par une nouvelle banque centrale. Par ailleurs, le départ des représentants Français du Conseil d’administration de la BCEAO est un leurre, selon les textes de la réforme, la France peut encore, à tout moment siéger dans les instances de la banque.
« Nous sommes là, nous montons la garde et nous luttons pour l’abrogation de cette escroquerie et nous continuerons jusqu’à notre dernier souffle d’ouvrir les yeux des populations africaines, celles qui utilisent cette monnaie coloniale et qui en subissent les effets négatifs et appauvrissants. »
Nathalie Yamb
L’activiste lance enfin un double appel. D’abord, la vigilance contre la tentative de duperie qu’est l’« Eco-Macron », soit la réforme du franc CFA portée par la France et l’UEMOA. Ensuite, la décomplexion vis-à-vis de pseudos experts qui veulent s’arroger le droit de parler du franc CFA.
Teria News