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Réforme du CFA: ouverture des États généraux de l’Eco

Ouverture ce mercredi à Lomé des États généraux de l’Eco. Réforme cosmétique du franc CFA, cet Eco de l’Uemoa est de plus en plus dénoncé comme une version travestie de l’Eco de la Cédéao. Polémique autour de la rencontre organisée par le macro économiste Kako Nubukpo.

Dès ce mercredi, plus de 200 personnes sont conviées par la Faculté des Sciences économiques et de Gestion de l’Université de Lomé pour débattre de la transition du franc CFA à l’Eco. Un brassage d’universitaires, de personnalités de la société civile et d’acteurs politiques qui devra, d’ici le 28 mai, accoucher d’une feuille de route. Le document sera par la suite présenté aux chefs d’État et de gouvernement de l’Uemoa pour les guider dans la mise en œuvre de la monnaie commune à l’Union.

Une monnaie controversée

Lancée le 21 décembre 2019 à Abidjan par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara, malgré la suppression du fameux compte d’opération et la fin du dépôt de 50 % des réserves de change des pays ouest-africains au Trésor français, la supercherie était d’emblée manifeste, l’Eco étant toujours arrimée à l’Euro. Ce relicat du CFA a par ailleurs provoqué la crispation du Nigeria. La première économie du continent est aussi la figure de proue de l’opposition à l’Eco au sein de la Zone Monétaire d’Afrique de l’Ouest (ZMAO). Seconde zone monétaire de la Cédéao, la ZMAO, qui rassemble principalement les pays anglophones de la Cédéao, était appelée à fusionner avec l’Uemoa sur la base du projet originel d’Eco. Outre le rejet de cette dépendance à l’Euro, Abuja exige de ses partenaires le respect des critères de convergence (un déficit inférieur à 3 % du Produit intérieur brut, 10 % d’inflation, et une dette en dessous de 70 % du PIB).

Polémique autour de la rencontre

« Il s’agit de faire de la publicité et de légitimer l’Eco de Macron. Cette parodie de monnaie qui reste arrimée fixement à l’Eco et reste téléguidée par Paris. Les vrais adversaires de l’Eco ne sont pas vraiment conviés pour faire autre chose que de la figuration »

Nathalie Yamb

Le lancement de l’Eco par un pilier de la françafrique comme le président Ivoirien Alassane Ouattara aux côtés de son homologue Français Emmanuel Macron et son arrimage à l’Euro, ont dès le départ suscité la méfiance de nombreux observateurs qui dénoncent, comme le Nigeria, une trahison de l’esprit de l’Eco par l’Uemoa. La récente annonce du retour en grâce de l’économiste Kako Nubukpo, initiateur de la rencontre, dans l’institution en tant que Commissaire du Togo, a jeté le discrédit sur son engagement de 20 ans contre le franc CFA et provoqué une polémique autour de ces États généraux.

L’activiste Nathalie Yamb a ainsi décliné l’invitation à participer aux échanges. « Quel sérieux peut-on accorder à un évènement qui est sensé réfléchir à une monnaie ouest-africaine, mais qui exclut tout intervenant ou représentant des banques centrales du Nigeria, de la Sierra Leone, de la Gambie, ou encore de la Guinée [membres de la ZMAO, ndlr], qui sont tous membres de la Cédéao, et qui ont été écartés par Nubukpo ?« , s’est-elle interrogée.

Refusant de servir de caution à la rencontre, la « Dame de Sotchi » dénonce un agenda caché: « Il s’agit de faire de la publicité et de légitimer l’Eco de Macron. Cette parodie de monnaie qui reste arrimée fixement à l’Eco et reste téléguidée par Paris. Les vrais adversaires de l’Eco ne sont pas vraiment conviés pour faire autre chose que de la figuration« .

Les États généraux de l’Eco ont vocation à s’institutionaliser sous la forme des « Conversations monétaires de Lomé ». Tous les deux ans, le rendez-vous sera chargé de faire le suivi de la mise en œuvre de l’Eco.

Teria News

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