Afrique

Clôture du 34e Sommet de l’Union Africaine (UA)

Deux jours de visioconférence qui auront vu la passation de témoin entre le Sud-Africain Cyril Ramaphosa et le congolais Félix Tshisekedi. Désormais au commandes de l’UA pendant un an, le président congolais a donné les priorités de son mandat : la riposte au Covid-19 et la restitution des œuvres d’art à l’Afrique. Si le premier axe de l’action du nouveau président en exercice de l’Union africaine s’imposait, Félix Tshisekedi a surpris en plaçant son mandat sous le thème de la valorisation de la culture, avec en point de mire, la restitution des œuvres d’art pillées et dispersées hors du continent.

Contre le Covid-19, Félix Tshisekedi souhaite promouvoir et mettre en œuvre une stratégie commune avec la poursuite d’impulsions initiées par son prédécesseur. Il s’agira notamment de créer une plate-forme africaine pour l’acquisition de matériels médicaux. La volonté de l’institution se heurte toutefois au « nationalisme vaccinal » des pays riches tel que dénoncé par Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA reconduit dans ses fonctions au cours du sommet. Mais cette stratégie est aussi entravée par les choix individuels des pays africains, lesquels, pour beaucoup, adoptent leur propre politiques vaccinales en dehors de tout mécanisme de coordination régionale. Il faut dire que la politique sanitaire est une prérogative régalienne. Ainsi, l’énergie rhétorique déployée par Félix Tshisekedi a de grandes chances de se heurter à la souveraineté des États.

Les conflits et la promotion de la Zlecaf Placés sur un plan secondaire, la résolution des conflits et la promotion de la Zlecaf apparaissent pourtant difficilement relégables. Félix Tshisekedi rappelle que les conflits « constituent une véritable menace contre la paix, la sécurité et la stabilité du continent ». Les Chefs d’États du continent rendent compte de leurs travaux en déclarant qu’Il en est ressorti la nécessité d’éradiquer ces phénomènes et d’imposer coûte que coûte la paix, en se basant sur la résolution de l’Union africaine de faire taire les armes sur le continent à l’horizon 2020, résolution qui doit encore être réalisée ».

En réalité, il s’agit du constat d’échec d’un thème trop ambitieux pour une institution aussi défaillante que l’UA, qui s’est illustrée à travers les années par ses voeux pieux, sa corruption endémique et sa frilosité à aborder frontalement les problèmes régionaux lorsque les intérêts de membres puissants étaient en jeu. Signe de cette timidité, la crise dans la région éthiopienne du Tigré n’a pas une seule fois été mentionnée au cours du sommet (virtuellement abrité par l’Éthiopie)…

L’UA s’est toutefois fait violence, grâce au leadership de Paul Kagame et de Mahamadou Issoufou, avec l’implémentation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), en janvier de cette année. Le premier pas d’une politique continentale qui doit s’appuyer sur une mutation économique. Longtemps exportateurs de matières premières, les pays africains doivent aujourd’hui relever le défi de la transformation de ces ressources. Or, en 2019, 14,4 % des exportations africaines officielles sont allées vers d’autres pays africains, une maigre portion comparée aux 52% du commerce intra-asiatique et aux 73% intra-européens la même année, selon Afreximbank. Ces quelques chiffres donnent la mesure de la tendance à inverser. Par ailleurs, sur les 33 pays qui ont ratifié l’accord à ce jour, beaucoup ne disposent pas des procédures douanières et des infrastructures nécessaires pour faciliter le libre échange.

Priorités herculéennes à l’échelle continentale mais tremplin au niveau nationalLa complexité des problématiques soulevées par Félix Tshisekedi et les maux de l’UA modèrent les espoirs sur son mandat. Toutefois, sur le plan national sa présidence, qui intervient après sa reprise en main du pouvoir arraché à son prédécesseur Joseph Kabila, pourrait affermir son mandat et catalyser une réélection en 2023.

Teria News

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