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Face à la mobilisation historique de la jeunesse nigériane, brutalement réprimée à Lagos mardi 20 octobre, le Président Muhammadu Buhari est sorti de son silence jeudi soir

Un exercice raté, entre charge contre les manifestants et déni des errements de sa gestion de crise, comme de sa gouvernance.

Partie des villes de Lagos et Abuja dans le sud du pays, le mouvement de protestation contre les brutalités policières (#EndSARS) s’est étendu au nord, notamment à la localité de Kano. Après le « bloody Tuesday », ou mardi sanglant, qui a fait au moins 12 morts selon Amnesty International, les condamnations pleuvent sur le régime nigérian, et les appels au calme se multiplient de toute part sur la scène internationale, de personnalités politiques comme le Président Ghanéen, Nana Akufo-Addo, le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ou d’artistes comme Davido, Beyoncé ou Rihanna.

Par ailleurs, toujours au lendemain de cette répression sanglante, de nombreuses structures de Lagos ont été incendiées par des casseurs, dont le siège d’une station de télévision connue pour ses liens avec une figure du parti au pouvoir, une importante station de bus et de nombreux autres bâtiments privés et publics.

Une charge contre les manifestants

« J’ai été très clair sur le fait que la dissolution de la brigade SARS s’inscrit dans notre engagement à mettre en œuvre une réforme étendue de la police. Malheureusement, la vitesse à laquelle cette décision a été prise, semble avoir été assimilée à de la faiblesse. », a estimé le Chef d’État nigérian. Ce, avant de renchérir, « Je demande aux protestataires de résister à la tentation d’être utilisés par des éléments subversifs, pour causer le chaos et mettre à mal notre jeune démocratie. Agir de la sorte sera considéré comme une tentative de sapper la sécurité nationale et l’ordre légal. Ceci ne sera pas toléré. »

Un quitte ou double mal engagé

Intransigeant, sans condamnation des tirs à balles réelles sur des manifestants pacifiques, sans mea culpa sur la gestion de crise par son gouvernement, Muhammadu Buhari aura déçu. Loin d’apaiser un climat social délétère, cette prise de parole tant attendue après un mutisme assourdissant, risque de renforcer la détermination des protestataires et d’achever de diriger leur colère contre la personne du Président nigérian, dont la démission est déjà réclamée. En somme, le dialogue de sourds entre une certaine jeunesse nigériane et le pouvoir semble se poursuivre.

L’émoi politique international interroge

Hors du Nigeria, les prises de position des institutions les plus taiseuses en tant de crise, dont l’Union africaine, longtemps silencieuse sur la Côte d’Ivoire et la Guinée, elles aussi endeuillées cette semaine, ici par des crises pré et post-electorales interroge. Ce deux poids deux mesures revêt des allures d’indignation sélective qui pousse à questionner les motivations des acteurs politiques. Intérêts et frustrations contre la puissance nigériane pourraient également en être les ressorts.

Teria News

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