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Guinée : Doumbouya affronte les multinationales minières

Un pas vers la fin du néocolonialisme économique ? Mamady Doumbouya exige que les sociétés minières transforment la bauxite sur le territoire guinéen. Un changement de paradigme qui devrait permettre un partage des ressources plus favorable à la Guinée.

Mamady Doumbouya jette un pavé dans la mare. Désormais, les groupes miniers qui jouissent d’un contrat d’extraction de la bauxite en Guinée, auront l’obligation de la transformer localement. Le pays est le deuxième producteur mondial de bauxite, essentiel dans la production de l’aluminium.

Un changement radical de paradigme s’annonce. Demandée à cor et à cri par les populations, conscientes d’être spoliées par des contrats léonins qui permettent aux multinationales de s’enrichir avec leur sous-sol en ne reversant qu’une part minime à l’État, cette réforme crée un précédent dans le pays et pourrait donner des idées à d’autres dans la sous-région et sur le continent.

« Nous sommes dans l’obligation, dans leurs conventions respectives de base, de réaliser des raffineries sur le territoire guinéen »

Moussa Magassouba, Ministre guinéen des Mines

Réserve de matières premières pour toute la planète, l’Afrique s’estime lésée, voire pillée par les grands groupes miniers, accusés d’être les socles du néocolonialisme occidental. Depuis les indépendances, le continent est confronté au défi de la création de valeur via la transformation de ses ressources. Elle passe par une industrialisation qui peine à prendre forme, contrée par un manque de vision et de volonté politique. Avec l’avènement au pouvoir de Mamady Doumbouya, le tabou serait-il tombé ? Ira-t-il jusqu’au bout de sa démarche quitte à bousculer de puissants intérêts ?

Disant être « conscient de la complexité d’un projet de construction de raffineries », le président guinéen de Transition affirme toutefois que la réforme est « non négociable » à cause de l’ « inégalité » actuelle dans le partage des profits entre Conakry et les sociétés minières.  De plus, Mamady Doumbouya met en garde : tout retard « se traduira par des pénalités ».

Aujourd’hui, l’extraction de la bauxite représente 8% du budget de l’État guinéen et 6% de son PIB. En plus de créer des emplois, la réforme voulue par les autorités de Transition, si menée à terme, permettra de booster le budget public et pourrait créer une onde de choc sous-régionale.

Teria News

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