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Au Burundi, le général Evariste Ndayishimiye remporte l’élection présidentielle

Le candidat du parti au pouvoir, est élu avec plus de 68,72 %. L’opposition et son leader Agathon Rwasa dénoncent des fraudes massives.

Selon les résultats provisoires proclamés lundi par la Commission nationale électorale (Céni), à l’issue des élections générales (présidentielle, législatives et municipales) du mercredi 20 mai dernier, le général Evariste Ndayishimiye, 52 ans, arrive en tête des voix. Toujours d’après la Céni, la participation s’élève à 87.71%.

Contestant les résultats, l’opposition et son principal leader, Agathon Rwasa, candidat du Conseil national pour la liberté (CNL) et leader historique de l’ex-rébellion hutu des Forces pour la libération nationale (FNL), qui a recueilli 24% des voix selon la Céni, dénoncent une « mascarade électorale » entachée par des « fraudes massives ».

Le porte-parole du CNL, Thérence Manirambona affirme qu’Agathon Rwasa mène la course avec 58% des voix, en se basant sur le décompte des voix effectué à partir des procès verbaux de dépouillement. Thérence Manirambona déclare respecter « la voie de la légalité » et a annoncé lundi qu’il déposera une « plainte devant la Cour constitutionnelle demain ou après-demain ».

Le conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie, appelé communément CNDD-FDD, dirigé par Evariste Ndayishimiye, domine la vie politique du Burundi depuis 2005. Suite à la proclamation des résultats, son secrétaire général a fait part de sa « large satisfaction ». « La victoire d’aujourd’hui est l’expression du peuple burundais qui reconnaît les efforts consentis en vue d’améliorer son bien être par le CNDD-FDD » se réjouit pour sa part la secrétaire nationale chargée de la communication du parti, Nancy Ninette Mutoni. « C’est le choix d’un programme politique dans lequel le peuple se sent représenté. Le peuple a librement exprimé sa position par rapport aux divers programmes. Nous remercions et félicitons le peuple burundais qui s’est massivement exprimé par la voie des urnes », a-t-elle ajouté.

Si ce scrutin ne marque pas d’alternance au pouvoir dans ce pays des grands lacs, peut-on espérer des inflexions politiques par rapport au régime de Pierre Nkurunziza?

Le dauphin du président burundais jouit d’une faible marge de manœuvre, les manettes de l’État étant entre les mains des généraux issus de l’ancien mouvement rebelle hutu, et son mentor, bien que certains souhaitent voir en son avènement au pouvoir un signe d’ouverture. De plus, l’ancien chef d’État major adjoint des nouvelles Forces de défense nationale, puis ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Chef de Cabinet militaire à la présidence, et Chef du Cabinet civil du Président Pierre Nkurunziza, hérite d’une économie exsangue. Le Burundi est en effet tombé parmi les trois plus pauvres pays du monde sous le règne de son prédécesseur. Selon la Banque mondiale, 75 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, contre 65 % à l’arrivée au pouvoir de Pierre Nkurunziza en 2005. Et à la crise économique s’est superposée une crise politique, déclenchée en 2015 par la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat.

Pierre Nkurunziza tient le Burundi d’une main de fer. Les « Imbonerakure », la ligue de jeunesse du CNDD-FDD, et le Service national du renseignement y font régner la terreur. Une fois descendu de son fauteuil présidentiel, Pierre Nkurunziza restera « guide suprême du patriotisme », titre que lui a décerné en février l’Assemblée nationale, et restera le président du puissant Conseil des sages du parti.

Le triple scrutin du 20 mai s’est déroulé sans aucune mission d’observation de l’ONU ou de l’Union africaine. Evariste Ndayishimiye devrait être investi en août pour une durée de sept ans.

Teria News

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