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La France ouvre une « mission de défense permanente » en Moldavie

La France annonce l’ouverture d’une mission de défense en Moldavie, voisine de l’Ukraine. En réponse, moquant le bilan de l’armée française en Afrique, Moscou rappelle son échec au Mali. « C’était une honte publique : des positions abandonnées, des obligations non remplies ». Vers le recyclage des forces françaises, expulsées du Sahel, en Europe de l’Est ?

Emmanuel Macron poursuit sur sa lancée. Après le pavé dans la marre lancé la semaine dernière où, face à plusieurs homologues européens, le président français expliquait ne pas exclure l’envoi de troupes au sol en Ukraine pour soutenir la riposte militaire de Kiev face à l’agression qu’elle repousse depuis deux ans, Emmanuel Macron a reçu les chefs de parti français pour évoquer le conflit en Ukraine en amont d’un vote parlementaire (non contraignant) sur l’accord bilatéral de sécurité, signé mi-février avec Volodymyr Zelensky.

Alors que le leadership, comme l’aide budgétaire américains s’affaiblissent sur fond de dissensions de politique intérieure entre élus Républicains et Démocrates et que la perspective d’une réélection de Donald Trump à l’issue des élections de novembre se précise, Paris tente de s’affirmer comme l’allié le plus sûr de l’Ukraine. C’est dans ce contexte qu’à l’occasion de la visite à Paris de la présidente moldave proeuropéenne Maia Sandu, la France a affirmé jeudi 7 mars son « soutien indéfectible » à la Moldavie, une semaine après que les autorités prorusses de la région séparatiste de Transnistrie ont appelé Moscou à leur offrir sa « protection ».

Une mission de défense permanente à Chisinau

« Savez-vous pourquoi la France ne ‘défend’ plus les Maliens ? Parce qu’elle ne sait pas comment faire (…) En huit ans qu’ils ont passés dans le pays, les Français n’ont pas pu accomplir les tâches qui leur étaient assignées et sont partis. Ils sont partis non seulement du Mali, mais aussi d’autres pays africains. Parce qu’il fallait y faire des efforts, lutter réellement contre le terrorisme. »

Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe sur sa page Telegram

Le 7 mars, les Présidents moldave Maia Sandu et français Emmanuel Macron ont concrétisé leur alignement stratégique face à la Russie avec la conclusion d’un accord de défense. Le texte prévoit en particulier « l’ouverture dans les prochains mois d’une mission de défense permanente à Chisinau », capitale moldave.

Réagissant à l’annonce, Moscou a adopté un ton moqueur à l’égard du bilan des missions de défense françaises, principalement déployées en Afrique. « C’était une honte publique : des positions abandonnées, des obligations non remplies », a rétorqué Maria Zakharova en évoquant l’échec hexagonal au Mali dont la France a été expulsée en 2022. « On peut donc faire travailler ses muscles dans une salle de sport et se livrer à l’espionnage le long des frontières russes », a par ailleurs déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, avant d’émettre une mise en garde : « Mais il y a un risque qu’un missile français les frappe depuis l’Ukraine. Ça va être rigolo ».

« Aucune limite », « Aucune ligne rouge »

Devant les chefs de partis politiques reçus également jeudi, Emmanuel Macron a durci le ton à l’égard de la Russie. N’en déplaise à ses alliés occidentaux au sein de l’OTAN, lesquels ont exclu l’envoi de soldats en Ukraine, position réitérée cette nuit par les États-Unis de Joe Biden au cours du discours sur l’état de l’Union du président américain, l’Élysée persiste et signe : il n’y a plus désormais « aucune limite », « aucune ligne rouge » à l’engagement français aux côtés de l’Ukraine.  

Le chef du parti communiste Fabien Roussel a regretté en sortant de la rencontre que, deux ans après l’invasion russe de l’Ukraine, « la position de la France a changé : il n’y a plus de lignes rouges, il y a plus de limites ». La présidente du parti écologiste pour sa part a jugé « extrêmement inquiétant de voir un président de la République français qui explique, face à quelqu’un qui détient l’arme nucléaire que nous détenons nous-mêmes, qu’il faut montrer que nous sommes sans limite ». « Je suis arrivé inquiet et je suis ressorti plus inquiet encore, puisque le président de la République, loin de revenir sur les déclarations qui étaient les siennes la semaine dernière, les a confirmées », a déclaré le coordinateur politique de LFI, Manuel Bompard. Quant au président des LR, Éric Ciotti, il a dénoncé « une instrumentalisation aux fins de campagne électorale pour les élections européennes ».

Teria News

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