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Tchad : déploiement de soldats de l’ex milice Wagner ?

S’agit-il de russes appartenant à l’ex milice Wagner ? Une centaine de soldats caucasiens seraient arrivés au Tchad dans la nuit de vendredi à samedi. Une semaine avant la présidentielle, ce déploiement suscite plusieurs interrogations.

Selon le site d’information en ligne Tchad One, 130 soldats russes, membres de l’unité Africa Corps, ancêtre de Wagner viennent d’être déployés au Tchad. Sans réactions officielles, les spéculations vont bon train sur l’origine de ces combattants.

Si la visite de Mahamat Déby en Russie, le 24 janvier dernier, avait suscité de nombreux commentaires sur un possible basculement du dirigeant tchadien vers l’Est et un reniement de ses alliances avec ses partenaires occidentaux, les affirmations de Tchad One, si avérées, viendraient confirmer cette ouverture du régime. Une ouverture et non un pivot, en témoignent les assurances données par N’Djamena à Paris et la visite de l’envoyé spécial du président Macron au Tchad le 7 mars dernier. « Il faut rester [au Tchad, ndlr] et bien sûr nous resterons », confiait d’ailleurs Jean-Marie Bockel à cette occasion.

Surfer sur la vague souverainiste au Sahel

Dernière emprise française au Sahel, le Tchad et ses autorités ont conscience de représenter l’ultime rempart à la réalisation du « grand remplacement » géopolitique de la France et ses alliés occidentaux par la Russie dans la région. Adoubé, au lendemain de la mort d’Idriss Déby pat l’Elysée et depuis, protégé par la France, Mahamat Déby ne peut rester sourd aux voix de la société civile tchadienne qui réclament le départ des troupes françaises dans le pays, soit un millier de soldats, résidu de Barkhane depuis son retrait du Mali et du Niger voisin.

Le président tchadien de Transition serait-il à la recherche d’un boost et d’une virginité électorale ? Sembler les contenter, en particulier à quelques jours de la présidentielle du 6 mai prochain, pourrait peser dans la balance. D’autant, que son principal adversaire et Premier ministre, Succès Masra, défend ses chances de victoire au premier tour. C’est par ailleurs dans cet esprit qu’a été envoyé le courrier adressé à l’attaché de Défense américain à N’Djamena envisageant l’expulsion des quelques 75 instructeurs américains actuellement basés au Tchad.

Ambitions de la Hongrie au Sahel

La focale de certains observateurs sur la Russie pourrait masquer un autre acteur qui n’a pourtant pas masqué ses ambitions au Sahel de façon générale et au Tchad plus particulièrement. Le 7 décembre dernier en effet, le ministre hongrois des Affaires étrangères rendait visite à son homologue tchadien. Or, avec seulement six ambassades dans toute l’Afrique sub-saharienne et aucune en Afrique francophone, il n’existe pas de coopération poussée entre la Hongrie et les États sahéliens si ce n’est la participation des forces hongroises à l’opération Takuba. Un temps évoquée, celle-ci n’a mais jamais été concrétisée.

Le rapprochement de la Hongrie avec le Tchad s’est brusquement accéléré à la fin de l’année écoulée. Ainsi en septembre, le Tchad a envoyé une lettre d’invitation à la Hongrie pour le déploiement de troupes hongroises sur son sol. Entre 200 et 400 soldats. En novembre 2023, le Premier ministre Viktor Orban, arguant de la nécessité de « soutenir la gestion des problèmes là où ils surviennent plutôt que de les transférer en Europe », a décidé de déployer d’ici mars 2024, un contingent militaire au Tchad pour deux ans, afin d’assister économiquement le pays, freiner l’immigration illégale et de l’aider à lutter contre le terrorisme. Le déploiement évoqué par Tchad One pourrait ainsi entrer dans le cadre de cette coopération militaire annoncée il y a six mois.

Teria News

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