Rien ne va plus à Adjamé. De violents affrontements entre populations et forces de l’ordre ont fait plusieurs blessés graves dans cette commune d’Abidjan. Les populations protestent contre les opérations de déguerpissement. Elles déplorent les méthodes brutales des autorités et leur manque de concertation.
Si plusieurs communes du district d’Abidjan ont, avant elle connu les opérations de déguerpissement engagées par les autorités locales depuis quelques mois, aucune n’avait auparavant causé autant de violences que celles d’aujourd’hui dans la commune d’Adjamé, notamment à Ebrié. Entamées depuis plusieurs jours, elles avaient engendré des échauffourées dimanche 21 juillet et depuis, la colère des riverains n’est pas retombée.
Au contraire, dénonçant le court préavis donné par les pouvoirs publics, l’absence de concertation avant l’exécution du projet et d’alternatives pour les résidents et commerçants de la commune, plusieurs groupes de jeunes ont affronté les forces de l’ordre ce 25 juillet à coup de jets de pierre pour défendre leurs commerces et habitations. Des armes lourdes ont également été aperçues. Tôt dans la matinée de jeudi, des jeunes avaient déjà dressé des barricades et, avant l’arrivée des bulldozers, dégradé et détruit des bâtiments, rendant par ailleurs difficile toute circulation.
Les pouvoirs publics défendent vouloir « assainir » le cadre de vie. Mais la méthode irrite même les chefferies locales qui dénoncent un manque de concertation avec les populations. « Si vous voulez nettoyer une emprise, vous devez quand même vous asseoir avec des gens et coordonner ça tranquillement pour qu’il n’y ait pas de débordements. On ne peut pas venir dans un village avec des machines pour venir détruire des bâtisses. Nous ne sommes pas d’accord », dénonce N’Koumo Jacques, porte-parole de la notabilité. Le bilan, pour le moment, se compte en blessés, parfois graves et en dégâts matériels importants.
Pour le moment, les autorités sont restées sourdes aux protestations et appels à la coordination. Au lieu du dialogue, elles semblent privilégier la force. Ainsi, une brigade de lutte contre le désordre urbain, composée de 295 agents issus des polices municipales et de la police du district autonome d’Abidjan, a été lancée par le Premier ministre ivoirien Robert Beugré Mambé en début de semaine. Selon les pouvoirs publics, cette brigade est chargée d’accompagner la libération des emprises des grandes artères, des espaces publics, des espaces non constructifs et l’application de l’arrêté portant interdiction du commerce ambulant, de la mendicité et de l’utilisation de charrettes.
Teria News