Le Mali accentue la pression sur les sociétés minières étrangères. Trois cadres de la compagnie australienne Resolute Mining Ltd, dont son PDG, ont été placés en détention. Ils font l’objet d’une enquête pour « crimes économiques et financiers ».
Leur arrestation est sans doute un signal fort envoyé aux partenaires privés du Mali. L’interpellation, vendredi 8 novembre, de Terry Holohan et deux de ses collaborateurs, cadres de la société australienne Resolute Mining Ltd, indique que personne n’est intouchable. Leur sont reprochés par les autorités maliennes, des faits de falsification et de dégradation de biens publics.
Resolute Mining Ltd détient 80 % de la mine d’or de Syama, située à 300 km au sud-est de Bamako. L’annonce de ces arrestations a fait lourdement chuter le cours de l’action Resolute Mining d’un tiers de sa valeur.
Resolute Mining est la seconde multinationale extractive à connaitre des déboires avec les autorités maliennes. En septembre, quatre employés de la société canadienne Barrick Gold ont été détenus pendant plusieurs jours. La compagnie réclamait au gouvernement malien des remboursement de TVA. Ils ont été relâchés après avoir versé 81 millions de dollars au Trésor malien. Autre manifestation du malaise des multinationales dans ce nouvel environnement instauré par Bamako : en mai, le groupe australien Firefinch a annoncé transférer pour un dollar symbolique toutes ses parts dans la mine d’or de Morila, ainsi que ses droits miniers dans détenus au Mali à la Sorem. Financée par l’État, la société a été fondée en 2022.
À l’instar des autres pays de l’Alliance des États du Sahel, le Mali travaille non seulement à la reconquête de sa souveraineté sur ses ressources naturelles, mais aussi à mettre fin aux accords léonins d’exploitation concédés par les précédentes gouvernances à des multinationales occidentales. Au nombre des pratiques dénoncées par Bamako, figure la réticence de ces entreprises à s’acquitter de leur contribution fiscale, c’est-à-dire payer ce qu’ils doivent à l’État central. Qu’elles soient officielles, avec des exonérations contractuelles, ou officieuses, avec la non-réclamation complice des taxes dues à l’État, les multinationales ont longtemps bénéficié d’un statut privilégié qui lèse le pouvoir central en le privant de revenus conséquents. Autant de pratiques auxquelles les autorités maliennes, burkinabè et nigériennes se sont engagées à mettre fin.
De l’autre côté, les partenaires privés de ces États semblent toutefois avoir du mal à se conformer à la nouvelle donne. Les méthodes musclées de Bamako démontrent la volonté intransigeante du gouvernement de faire respecter les nouvelles normes, en ayant recours à tous les moyens légaux pour y parvenir, dont la privation de liberté de cadres.
Teria News