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Sénégal : Ousmane Sonko dénonce le « carnage » financier organisé sous Macky Sall

« Le régime du Président Macky Sall a menti au peuple » en falsifiant les comptes publics. Jeudi, au cours d’une séance de reddition de comptes sur les audits lancés à la prise de pouvoir de Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko a détaillé l’ampleur d’un « carnage » financier organisé sous l’ancien régime.

Depuis quelques semaines déjà, les indices alertaient sur la situation économique et budgétaire du Sénégal à l’égard des entreprises du secteur privé, en particulier dans les secteurs de la construction et de l’énergie. À l’issue d’une mission organisée au Sénégal du 5 au 12 septembre, le FMI a marqué son inquiétude face aux nombreux impayés de l’État. Ils alourdissent le poids d’une dette publique dont l’ampleur, au-delà des factures de Dakar à ses contractuels, a été l’objet d’une prise de parole du gouvernement sénégalais. Jeudi 26 septembre, au cours d’une séance de reddition de comptes face à la presse, le Premier ministre s’est livré à « l’état des lieux de la gouvernance » sous l’ancien régime, de 2012 à 2024.  

Après s’être incliné devant la mémoire des victimes du Joola, Ousmane Sonko a détaillé un « carnage » financier. « Le régime du président Macky Sall a menti au peuple, a menti aux partenaires, a tripatouillé les chiffres pour donner une image économique, financière et budgétaire qui n’avait rien à voir avec la réalité », a-t-il dénoncé.

Déficit public et « corruption généralisée » masqués sous Macky Sall

« Plus de 2.500 milliards ont été dépensés ces quatre dernières années sous le sceau du secret-défense pour échapper aux règles des marchés publics. Et donc, toutes ces pratiques ont facilité la corruption. Plus de 25.000 milliards de francs CFA ont été mobilisés offrant un champ illimité à toutes les dérives. De telles pratiques, y compris celles consistant à contracter des crédits bancaires hors du circuit du contrôle budgétaire, ouvrent la voie des dérives dans l’utilisation discrétionnaire des ressources. Le trésor public s’est retrouvé dans une situation où il n’est au courant de ces opérations qu’au moment de leur effectivité ou qu’au moment du remboursement des prêts contractés. », Ousmane Sonko

Passant la parole au ministre l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, Ousmane Sonko l’a laissé développer les conclusions des audits lancés au lendemain de la prise de pouvoir de Bassirou Diomaye Faye.

« Le rapport sur la situation des finances publiques a révélé que la dette publique du Sénégal et le déficit budgétaire ont été plus élevés que publiés par les autorités sortantes et communiqués à nos partenaires durant la période 2019-2023 […] Le déficit budgétaire a été annoncé à une moyenne de 5,5% du PIB sur la période 2019-2023. Mais en réalité, il a été en moyenne de 10,4 %, soit près du double […] La dette publique a été annoncée en moyenne à 65,9 % du PIB durant la période 2019-2023. Mais en réalité, elle a été en moyenne de 76,3 % du PIB en raison des déficits publics plus élevés que publiés », a expliqué Abdourahmane Sarr.

La justice sénégalaise annonce des poursuites

Prenant la parole en fin de séance, le ministre de la Justice, a annoncé des poursuites : « Le rapport que vient de nous livrer le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, est à la lumière de ce que vous avez entendu. Ces faits sont d’une gravité certaine et semblent revêtir une qualification pénale que les autorités judiciaires compétentes saisies vont devoir déterminer aux moyens d’investigations qu’elles jugent appropriés », a assuré Ousmane Diagne

Cette séance de reddition de comptes intervient dans un contexte électoral, le président Bassirou Diomaye Faye ayant convoqué les électeurs, le 12 septembre dernier, pour des élections législatives anticipées. Prévues le 17 novembre prochain, elles seront organisées dans un temps record de deux mois, au lieu de cinq. En amont du scrutin, cet état des lieux est un coup violent porté à l’opposition dont les différents courants, à l’image de l’APR de Macky Sall et du PDS de Karim Wade, se sont regroupés en coalition. Il permet à l’exécutif d’enterrer l’APR dans la perspective de ce rendez-vous électoral majeur à l’issue duquel le couple Diomaye-Sonko espère s’octroyer une majorité absolue afin de lever toute entrave à la mise en œuvre de son programme.

En outre, cet état des lieux de la situation financière et budgétaire du Sénégal intervient une semaine avant le lancement officiel du référentiel 2050, soit le plan stratégique d’opérationnalisation du programme du président sénégalais.  

Wuldath Mama

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