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Royaume-Uni : Keir Starmer abroge le partenariat migratoire avec le Rwanda

La loi du déshonneur abrogée. Le nouveau Premier ministre britannique, Keir Starmer, abandonne le projet de déportation des migrants au Rwanda. Il avait été poussé avec l’énergie du désespoir par les torries (conservateurs), en perte de vitesse et aux portes de la défaite électorale.

L’honneur est sauf pour le Royaume-Uni de Keir Starmer. Fraichement élu vendredi 5 juillet à l’issue d’élections générales historiques pour les travaillistes, le nouveau locataire du 10 Downing Street a annoncé abandonner le projet d’expulsion de migrants, dits « boat people ». Il s’agit principalement des demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni. Malgré la réticence des autorités judicaires britanniques lesquelles, après lui avoir infligé un refus, ont fini par céder à l’entêtement de Rishi Sunak, couplé au scepticisme des Britanniques eux-mêmes devant un projet, bien que répondant à une attente de régulation de l’immigration illégale dans son intention, péchait par le cynisme et le piétinement des droits Humains dont il était imprégné, les torries ont poussé le projet.

Défendu avec la dernière énergie par un parti conservateur anxieux de répondre de 14 ans de gouvernance post-Brexit devant des électeurs désabusés, le projet de partenariat migratoire avec le Rwanda n’aura pas suffi à les sauver de la débâcle électorale. Annoncée par les sondages, elle a bien eu lieu le 5 juillet où une vague travailliste a conquis le pays avec 412 sièges sur les 650 de la Chambre des communes. Un désaveu sous forme de référendum pour ou contre le parti Conservateur.

Keir Starmer « pas prêt » à faire sien le projet

Ce projet « était mort et enterré avant même de commencer. Il n’a jamais été dissuasif […], je ne suis pas prêt à continuer avec des mesures gadget. »

Conférence de presse tenue à l’issue du premier conseil des ministres du gouvernement travailliste

Avant la victoire électorale de son parti, Keir Starmer avait déjà annoncé son intention d’enterrer ce projet controversé lancé en 2022. Il consistait à expulser des migrants ou demandeurs d’asile arrivés illégalement sur le sol britannique vers Rwanda, sans possibilité de retour au Royaume-Uni. Le Premier ministre sortant Rishi Sunak prévoyait de commencer les expulsions alors que des migrants ont commencé être à arrêtés en mai dans le cadre de l’accord. Un mouvement stoppé par la justice britannique laquelle, a ordonné la libération de dizaines d’entre eux, en amont des élections législatives et de l’incertitude qui pesait sur la survie de ce projet d’immigration.

Economiquement irrationnel, non viable, le texte n’obéissait qu’à une rationalité politique populiste qui n’a pas eu l’effet escompté sur les électeurs. Selon la BBC, le gouvernement Sunak a déjà versé près de 240 millions de livres sterling au Rwanda en 2023. À défaut de sous-traiter la charge de l’accueil de migrants au Rwanda, le nouveau gouvernement travailliste prévoit plutôt d’agir sur les réseaux de passeurs et de renforcer la coopération avec l’Europe, particulièrement la France.

L’inauguration d’un nouveau cycle politique

Vendredi, le parti Travailliste est sorti des limbes politiques après 14 ans de « shadow cabinet ».   Crédité de cette performance, Keir Starmer a recentré son camp après le leadership clivant de Jeremy Corbyn aux prises de position controversées. Une source d’inspiration pour les partis de gauche en Europe ? Le désormais Premier ministre britannique a fait peu de promesses électorales, si ce n’est sur la question du logement et des impôts. À cet égard, le soutien des financiers de la City, montre que le programme défendu par Keir Starmer ne représente pas une menace pour les marchés financiers. Le chef de gouvernement s’est toutefois engagé à redresser les services publics dont le NHS, cher aux britanniques mais en crise car sous-financé.

Sur le plan de sa politique étrangère, Keir Starmer sera observé sur la question de la continuité avec les conservateurs quant au soutien britannique à l’Ukraine. Londres s’était en effet illustré comme un des appuis les plus stables et fervents à Kiev dans sa riposte contre l’agression russe. Outre les convictions de Boris Johnson, alors en poste et à l’origine de l’impulsion donnée à la diplomatie britannique envers Moscou après février 2022, c’était une façon pour le pays de conserver un leadership européen et global une fois le Brexit consommé.  

Toutefois, bien qu’abandonnée par Londres, l’idée a déjà fait des émules. S’inspirant du Royaume-Uni, plusieurs pays européens cherchent à s’associer à des pays tiers à qui confier la gestion des migrants. Le seul qui ait abouti a été signé récemment entre l’Italie et l’Albanie.   

Teria News

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