Le Niger réceptionne du matériel militaire russe : la Russie installe « un système de défense antiaérien » capable « d’assurer le contrôle total de l’espace aérien » du pays explique la télévision publique nigérienne. Mercredi 10 avril, plusieurs instructeurs russes sont également arrivés à Niamey.
Annoncé dans la foulée de la prise de pouvoir du CNSP nigérien, confirmé par l’envoi, de part et d’autre, de plusieurs délégations dans les deux capitales, le renforcement de la coopération entre Niamey et Moscou prend forme. Mercredi 10 avril, le Niger a ainsi réceptionné sa première livraison de matériel militaire russe depuis l’avènement de la Transition militaire dirigée par le général Tiani. Jeudi soir, la télévision publique nigérienne a également annoncée l’arrivée à Niamey d’instructeurs russes.
« Nous avons assisté (…) à l’arrivée à Niamey d’un Iliouchine-76, un gros-porteur russe, transportant du matériel militaire de dernière génération, avec à son bord des instructeurs du ministère russe de la défense »
Télé Sahel, jeudi 11 avril
Renforcement de la coopération militaire bilatérale
La Fédération de Russie va « installer un système de défense antiaérien » au Niger, capable « d’assurer le contrôle total de l’espace aérien » du pays, annonce Télé Sahel. Matériel militaire reçu via un gros-porteur russe, dans la nuit du 10 avril.
Outre l’envoi d’armements au Niger, le renforcement du partenariat stratégique avec la Russie se manifeste également par l’accueil d’instructeurs militaires russes. Ces derniers, une centaine selon certaines sources, « assureront une formation de qualité » aux soldats nigériens « pour une utilisation efficiente dudit système » de défense aérien, a expliqué Télé Sahel. « Nous sommes ici pour former l’armée du Niger et l’aider à utiliser le matériel militaire qui vient d’arriver. Il s’agit de matériel de différentes spécialités militaires, a déclaré sur cette télévision un des instructeurs russes. Nous sommes ici pour développer la coopération militaire entre la Russie et le Niger. »
Les instructeurs russes fraichement dépêchés pourraient appartenir à « Africa Corps », branche de l’armée russe composée de contingents déployés sur différents théâtres de conflit en Afrique. Une survivance du groupe Wagner, dirigé par feu Evgueni Prigojine, mais dépendant désormais du ministère russe de la Défense.
Pivot stratégique du Niger
La rupture par le CNSP des accords de coopération militaire avec la France au lendemain du coup d’État du 26 juillet 2025, puis avec les États-Unis mi-mars de cette année, a dessiné les contours d’un réalignement stratégique de Niamey, loin de l’axe occidental.
Piqué au vif par la dénonciation par le Niger des accords militaires qui encadraient sa présence dans le pays et la perte de sa base de drone d’Agadez, stratégique pour surveiller les mouvements de groupes armés, intervenir au Sahel, mais surtout en Libye voisine, Washington avait accusé les nouvelles autorités militaires nigériennes d’emprunter une « trajectoire dangereuse » et de s’adonner à des « complots secrets » avec des puissances hostiles. En d’autres termes, les États-Unis dénonçaient alors la conclusion d’ « accords [militaires] secrets » avec la Russie dont un « commerce de mercenaires », désignant à demi-mots « Africa Corps » et son ancêtre Wagner, bête noire de Washington qui, a également évoqué des « accords secrets », cette fois avec l’Iran pour l’exploitation de l’uranium nigérien. Une série de réalignements stratégiques qualifiée d’« illégitimes » et aux « conséquences graves ».
Les évènements du mercredi 10 avril semblent matérialiser les craintes alors formulées par la diplomatie américaine. Le 27 mars, le ministère nigérien de l’Intérieur annonçait qu’après avoir « pris acte » de la décision du CNSP, les États-Unis préparaient un projet de désengagement du Niger.
Teria News