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Guinée : Mamadi Doumbouya promet un référendum constitutionnel

Mamadi Doumbouya évoque l’organisation d’un référendum constitutionnel avant un retour prochain des civils au pouvoir, mais sans calendrier. Sur le terrain de plus, les Guinéens constatent peu de préparatifs concrets en vue d’élections, un an avant la fin de la Transition et suspectent le chef du CNRD de vouloir se maintenir au pouvoir.

Sans connexion internet depuis près de deux mois, sinon via le système VPN, les Guinéens ont observé avec apathie l’évasion de plusieurs détenus dont Dadis Camara et Claude Pivi de la Maison centrale de Conakry, le 4 novembre 2023. Une diversion qui a détourné l’attention d’une partie des observateurs d’un assaut sur la présidence, filmé au même moment par des caméras indiscrètes. S’ensuivi une chasse à l’homme pour débusquer Claude Pivi. Toujours en liberté, l’homme est craint, autant pour ses pouvoirs mystiques que pour ses solides appuis au sein de l’appareil sécuritaire guinéen.

De l’autre côté, alors que sa prise de pouvoir du 5 septembre 2021 à la tête du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) avait été acclamée par la société civile comme par la rue, la population et le Front National de Défense de la Constitution (FNDC, entre temps dissout) lequel, avait mené la fronde contre le troisième mandat du président déchu Alpha Condé, ont depuis déchanté devant les atermoiements du nouveau régime autour de la durée de Transition. Fixée à deux ans à compter de janvier 2023, rien ne semble prêt sur le terrain, 12 mois avant son échéance. Autant dire que le pouvoir de Mamadi Doumbouya souffre d’impopularité.

Un contexte social tendu

Déjà à couteaux tirés avec la société civile à laquelle il n’a pu offrir de gages de rupture d’avec la corruption endémique qui a caractérisé les régimes antérieurs, la population lui reproche son absence sur le terrain après l’explosion, toujours mystérieuse, du principal dépôt d’hydrocarbures du pays, dans la nuit du 18 au 19 décembre 2023. Suivi d’un incendie, elle a fait 24 morts et plus de 450 blessés. Depuis, la solidarité s’organise entre voisins et familles.

Mais bien que robustes, ces filets sociaux ne peuvent rien contre les pénuries de carburant ou la flambée des prix à la pompe qui paralysent l’économie nationale. Conséquence, le coût du transport et le prix des denrées de base dont il dépend, a considérablement augmenté, pesant sur le pouvoir d’achat des ménages. Rationnée, la distribution d’essence est désormais limitée à 25 litres pour les voitures et 5 litres pour les deux-roues et les tricycles. Malgré la conclusion d’un accord avec la Côte d’Ivoire, lui assurant la livraison de 50 millions de litres de carburant par mois, « cette crise va prendre du temps » du fait des « services publics et du secteur privé qui sont à l’arrêt », concède le Premier ministre Bernard Goumou.

Un référendum constitutionnel, sans date

« Au cours de la nouvelle année sera soumise au référendum une nouvelle Constitution qui nous ressemble et nous rassemble (…) Une Constitution approuvée par le peuple et qui n’est pas du copier-coller mais une Constitution qui s’inspire du passé pour bâtir ensemble notre avenir (…) dans une volonté de « poursuivre les efforts considérables de retour à l’ordre constitutionnel, par l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes de la base au sommet en respectant » le programme de transition pour un retour des civils au pouvoir.

Mamadi Doumbouya, discours du 31 décembre 2023

Sans calendrier en vue de l’organisation de ce référendum, sans recensement ni audit du fichier électoral préalables, d’aucuns s’interrogent sur la faisabilité de ces étapes dans le cadre du délai séparant ce début d’année des échéances électorales fixées par le CNRD et la rétrocession effective du pouvoir aux civils d’ici janvier 2025.

En outre, le président de Transition a annoncé qu’en l’absence de scrutin pour les renouveler alors que leurs mandats s’achèvent au premier trimestre de 2024, les conseils municipaux seront dirigés par des personnes nommées par l’État. Principalement aux mains de l’opposition au CNRD (responsables des partis d’Alpha Condé et de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo), cette échelle stratégique de la gouvernance locale sera désormais contrôlée par le régime. De quoi attiser encore la grogne sociale.

Teria News

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