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Le Niger révise tous les accords encadrant la présence de bases militaires sur son sol

Le CNSP renégocie tous les accords avec les États disposant de bases militaires sur son sol. Après la France, plusieurs pays dont les États-Unis et l’Allemagne sont dans le viseur des nouvelles autorités militaires de Niamey. 

Le CNSP nigérien, dirigé par le général Abdourahamane Tiani depuis le coup d’État du 26 juillet, annonce vouloir réviser les accords liant le Niger aux pays disposant de bases militaires sur son sol. Amorcé par la demande de retrait des forces françaises dont les derniers soldats ont quitté le Niger le 22 décembre, ce nouveau cap s’inscrit dans le souffle souverainiste que Abdourahamane Tiani, à l’instar de ses homologues sahéliens Assimi Goïta et Ibrahim Traoré, respectivement à la tête du Mali et du Burkina Faso, entend donner à son régime de Transition.

L’affirmation d’un virage souverainiste

La décision des nouvelles autorités militaires nigériennes a été notifiée aux pays concernés dans une correspondance adressée à leurs représentations diplomatiques par le ministère nigérien des Affaires étrangères.

« Depuis l’avènement au pouvoir du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le 26 juillet 2023, le Niger s’est résolument engagé dans la voie de l’affirmation de sa souveraineté, la sauvegarde de la patrie et la défense de ses intérêts », indique le document.

« Dans cette perspective et conformément aux exigences du peuple nigérien, le ministère informe tous les pays partenaires, qui disposent d’une force militaire stationnée sur le territoire national, que le Niger procédera une révision de tous les accords signés avec lesdits pays », explique le texte, précisant qu’à cet effet, « un projet de protocole d’accord leur sera soumis pour insuffler une nouvelle dynamique à la coopération bilatérale ».

Concrètement, depuis le départ des troupes françaises, restent sur le sol nigérien les bases des États-Unis, d’Allemagne et d’Italie. Ces trois pays sont donc directement interpellés par la décision du CNSP. Parmi eux, Washington et Berlin ont, au cours des précédentes semaines, le premier avec l’envoi de la secrétaire d’État adjointe américaine aux Affaires africaines, Molly Phee, le second avec la visite du ministre allemand de la Défense, ont tenté de renouveler leur volonté de poursuivre, et même renforcer pour l’Allemagne, la coopération militaire avec le Niger.

Le CNSP va-t-il trop vite ?

Après le départ des soldats français, Niamey choisit d’accélérer la voilure. Jusqu’ici éclipsés par le poids historique du contentieux politique et mémoriel qui crispe, de façon générale, les relations entre les États dits francophones du continent et l’ancienne puissance coloniale, les autres partenaires sécuritaires du Niger sont à présent touchés par l’inflexion souverainiste donnée par la gouvernance du CNSP.  

Leur prise de distance avec la France, au lendemain du putsch du 26 juillet, alors que cette dernière a longtemps refusé de reconnaitre la légitimité des autorités militaires de Transition, ne semble n’avoir offert qu’un sursis aux États-Unis. Toujours très impliqués dans les pourparlers autour du chronogramme de Transition, au grand dam de la CEDEAO, et refusant de céder un pouce de terrain à la Russie, les États-Unis avaient début septembre, repositionné leurs troupes de la base aérienne 101 de Niamey, alors partagée avec des contingents français, à la base aérienne 201 d’Agadez, plus au nord. Une façon de se désolidariser, physiquement cette fois, de l’Hexagone au plus fort de la crise entre Paris et le CNSP et d’éviter d’être emportés par la même vague que celle de l’expulsion des soldats français. Trois mois plus tard, bien que le CNSP n’évoque pas de demande de retrait pur et simple, la présence militaire de Washington, comme celle de Berlin et Rome, fera aussi l’objet d’un réexamen par Niamey.

Teria News

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