À la veille de la visite d’Antony Blinken, l’Arabie Saoudite réduit sa production de brut d’1 million de barils par jours. À l’issue d’une rencontre de l’OPEP+ (dont est membre le Nigeria) tenue dimanche à Viennes, le cartel, maintient une réduction de la production jusqu’à fin 2023. Un coup dur alors qu’Abuja met fin à la subvention du carburant.
Face à la baisse des cours de pétrole, alimentée par la crainte d’une récession de l’économie mondiale, l’Arabie Saoudite continue de serrer la vis. À la tête de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le Royaume a réuni les pays alliés de l’OPEP+ à Viennes dimanche 4 juin. Au menu de la rencontre : convenir du volume de production pour les mois à venir.
Collégialement, le cartel a décidé de maintenir la réduction de sa production actuelle jusqu’à fin 2023 afin de « parvenir à un marché pétrolier stable et de maintenir cette stabilité ». Un ralentissement accentué par des réductions volontaires emmenées par l’Arabie Saoudite. Ainsi, Riyad a-t-il décidé de diminuer sa production d’un million de barils par jour (bpj) en juillet. Renouvelable, cette nouvelle coupe s’ajoute à celle décidée en avril. Le Royaume avait alors acté une réduction d’1.6 million de bpj. De plus, l’OPEP+ a annoncé le plafonnement de la production totale de pétrole à 40,463 millions de bpj de janvier à décembre 2024.
L’OPEP poursuit sa fronde contre Washington
La décision de Ryad vise-t-elle à envoyer un message aux États-Unis à la veille de la visite d’Antony Blinken en Arabie Saoudite ? Alors que le secrétaire d’État américain est annoncé dans le Royaume du 6 au 8 juin prochain, le sujet des quotas de production de l’OPEP, et en particulier de l’Arabie Saoudite, est source de contentieux entre les deux pays, devenu récurrent depuis que Ryad tient tête aux pressions américaines en faveur d’une augmentation de sa production pour faire face à l’inflation causée par le conflit russo-ukrainien.
Bien que l’agenda de cette rencontre, tel qu’annoncé par les deux capitales, soit axé sur leurs actions diplomatiques conjointes comme la gestion de la crise au Soudan et l’alliance avec Israël que Washington veut pousser Ryad à normaliser, la décision saoudienne de réduire volontairement sa production de brut devrait jeter un nouveau froid dans la relation entre les deux alliés.
Appréhension sur les prix au Nigéria et chez ses voisins
Quel sera l’impact de la contraction de la production mondiale de pétrole sur les économies sous-régionales ? Ils ont triplé depuis l’annonce de la suppression de la subvention des prix du carburant effectuée par le nouveau président nigérian, lundi 29 juin. Même spéculative, leurs effets se font également ressentir dans les pays voisins comme le Bénin, dont le marché interne dépend des prix du carburant au Nigeria, lequel alimente son circuit informel. Mais Bola Tinubu qui avait annoncé la couleur, entend maintenir le cap peu importe la grogne populaire : « Pourquoi devrais-je subventionner le carburant au Cameroun, au Niger et au Bénin ? Je vais supprimer les subventions quelle que soit la durée des protestations », avait-il prévenu lors d’une conférence de presse.
La fronde sociale anticipée par le président nigérian s’organise. Ainsi le Congrès du Travail du Nigéria (NLC) a-t-il lancé un ultimatum aux autorités nigérianes. En l’absence du rétablissement de la subvention dans un délai de 5 jours (à compter du vendredi 2 juin), la centrale syndicale annonce une grève nationale à partir du mercredi 7 juin.
Teria News