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Nigéria : Bola Tinubu coupe les subventions sur le carburant

À peine investi, Bola Tinubu met fin aux subventions sur le carburant. Une mesure qui pourrait provoquer la hausse des prix à la pompe et un regain de l’inflation, déjà à deux chiffres. Une aubaine pour le circuit de contrebande.

C’est l’acte fondateur du régime de Bola Tinubu. Ses mots ont causé la panique chez certains consommateurs qui, dès l’annonce faite, ont pris d’assaut les stations-services devant lesquelles se sont formées de longues files d’attente afin de faire le plein avant de devoir payer leur consommation plein pot. Annoncée lundi, la fin de la subvention d’État des prix du carburant renvoi à la suppression d’une ligne de budget public.

Cette décision intervient dans la foulée de l’inauguration en grandes pompes de la plus grande raffinerie de pétrole d’Afrique construite par le milliardaire Aliko Dangote. D’une capacité de production de 650 000 barils par jour (bpj), elle doit couvrir la demande du marché interne, estimée à 465 000 bpj. Ainsi, en plus d’être autosuffisant, le Nigeria pourra exporter une partie de sa production.

Une mesure tranchante mais assumée

« Nous allons plutôt réorienter les fonds vers de meilleurs investissements dans les infrastructures publiques, l’éducation, les soins de santé et les emplois qui amélioreront la vie de nos concitoyens. […] Les subventions disparaissent »

Bola Tinubu lors de son discours d’investiture

Le nouveau président nigérian n’a toutefois pas livré de calendrier précis quant à la mise en œuvre de cette mesure. Pour limiter les mouvements de panique des automobilistes à la pompe, l’équipe de communication du président a précisé le lendemain, mardi, que la mesure n’arriverait pas à échéance avant fin juin.

La subvention des prix du carburant qui pèse sur les finances publiques depuis 30 ans, à hauteur de 13.5 milliards de dollars par an (25% du budget fédéral), reflète le paradoxe de tout un écosystème national. Deuxième producteur de brut du continent, récemment détrôné par l’Angola, et sixième au monde, le Nigeria importe la quasi-totalité de son carburant, en raison de la défaillance de ses raffineries publiques. Ce, pour subventionner ce même carburant par la suite.

Augmentation des prix dans un contexte d’inflation

Quel impact sur le commerce de l’essence de contrebande ? Si la fin de la subvention publique des prix du carburant, source de tensions avec les centrales syndicales, nourrissait le débat public depuis des années et ne peut en soit surprendre les nigérians, la suppression subite de cette mesure populaire brusque les consommateurs aux bourses déjà amaigries par une inflation à deux chiffres, 22.04% en mars dernier.

Pris au dépourvu, certains consommateurs pourraient être tentés de se reporter sur l’essence de contrebande. Un trafic entretenu par les producteurs illégaux du Delta du Niger. Dans cet espace peu contrôlé par l’État central, cette activité de contrebande alimente toute une économie locale et constitue le gagne-pain de millions de personnes. Les insurgés siphonnent le pétrole des installations pétrolières avant de l’acheminer illégalement dans la sous-région, notamment vers le marché béninois.

Teria News

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