Procès d’Ousmane Sonko renvoyé au 23 mai. Un policier a été tué à Ziguinchor où des heurts ont éclaté à la veille de l’ouverture de son procès pour viols. Les partisans de l’opposant ont élevé des barricades autour de son domicile et montent la garde. Dans le même temps, de violents affrontements sont signalés à Dakar.
Quel sera le coût social de l’ambigüité entretenue par Macky Sall sur ses intentions de se présenter en 2024 ? Quel sera le coût de l’instrumentalisation de la justice, telle que dénoncée par l’opposition et dont le leader du Pastef est devenu la première cible ? Si le statut d’opposant ne devrait pas soustraire un individu à ses responsabilités, notamment celles de répondre de ses actes, l’acharnement judiciaire contre d’autres opposants comme Khalifa Sall et Karim Wade ont achevé de convaincre observateurs et institutions, dont l’ONU et la Cour de justice de la CEDEAO, des dérives de la justice sénégalaise sous le régime de Macky Sall, jetant dès lors le discrédit sur les dossiers ouverts contre Ousmane Sonko.
Violences à Ziguinchor et Dakar
Lundi 15 mai, à la veille de l’ouverture de son procès pour viols contre Adji Sarr, employée d’un salon de massage de la capitale dans le dossier dit « Sweet Beauty », éponyme de l’établissement, des heurts ont éclaté à Ziguinchor, fief d’Ousmane Sonko et Dakar que l’opposant pourrait snober, en conformité avec sa campagne de désobéissance civile contre la justice. Dans sa commune, ses partisans ont élevé des barricades autour de son domicile pour faire bouclier entre le leader du Pastef et les forces de sécurité.
Les affrontements ont causé la mort d’un policier, renversé par un véhicule de police. Sur place, la gendarmerie est désormais déployée dans le périmètre des barricades.
À Dakar, de violents affrontements ont été signalés dans plusieurs quartiers comme Parcelles Assainies, Pikine où un magasin Auchan a été vandalisé, Yarakh, ou encore Castor.
Un procès reporté in extremis
Lundi, le maire de Ziguinchor ne s’est pas présenté au greffe de la chambre criminelle de Dakar, comme le prévoit le code de procédure pénale. La défense de l’opposant affirme qu’à la veille de son procès, ce dernier n’avait pas reçu de convocation. « Il n’a pas reçu de convocation. Lorsqu’il recevra une convocation, monsieur Sonko s’y rendra si toutes les conditions de sécurité lui sont garanties. », déclarait lundi soir Me Said Larifou, l’un de ses avocats en conférence de presse depuis Paris. D’après la loi, Ousmane Sonko aurait pu être arrêté et présenté de force à l’audience ou jugé par contumace. Mais, dans la matinée de ce mardi, l’ouverture du procès a été renvoyée au 23 mai prochain.
En mars 2021, son interpellation dans ce même dossier de viols avait paradoxalement consolidé son influence, en particulier au sein de la jeunesse laquelle, y a vu dès le départ une instrumentalisation destinée à faire barrage à ses ambitions présidentielles. Émeutes, casses, ciblage de symboles de la présence française au Sénégal, l’affaire avait alors embrasé les rues de Dakar et d’autres centres urbains du pays tuant au moins 12 personnes.
Teria News