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Le Soudan à nouveau en ébullition : le retour de l’instabilité ?

La rue se soulève à nouveau au Soudan. Deux camps s’affrontent : les manifestants pro-militaires et pro-civils. Lesquels parviendront à revendiquer l’héritage de la révolution de 2019 qui a chassé Omar el-Béchir du pouvoir ? Vers un nouveau cycle d’instabilité ?

À Khartoum et dans plusieurs autres villes du pays, les Soudanais sont descendus dans les rues. Les revendications distinguent deux groupes de manifestants : d’une part, les pro-militaires qui appellent à une reprise en main de la transition par l’armée, d’autre part, les pro-civils qui appellent à une transition proprement civile. Cette ligne de fracture urbaine dessine les contours des enjeux de la transition soudanaise. En effet, elle reflète les luttes de pouvoir entre militaires et civils qui, chacun, tirent la couverture de leur côté pour contrôler la transition.

Depuis le 16 octobre, un regroupement pro-militaires tient un sit-in devant le palais présidentiel. Pendant ce temps, à Khartoum et Oumdourman, on scandait ce jeudi « le peuple a choisi les civils ». Dans une grande majorité pacifiques, les manifestations ont toutefois dégénéré à Oumdourman où les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes.

Plus que le miroir d’une transition écartelée entre civils et militaires, les deux catégories de manifestants sont également manipulées par les deux clans au pouvoir. Arrachée par la mobilisation du Front pour la liberté et le changement (FLC), rallié ensuite par une faction dissidente de militaires auteurs du lâchage d’Omar el-Béchir, la révolution soudanaise connait son apogée le 11 avril 2019 avec la démission de l’autocrate, jusque-là réputé indéboulonnable.

C’est que la transition s’enlise dans ces guerres de tranchées et que les Soudanais en sont fatigués. En deux ans, peu d’avancées. Les accords de paix avec des groupes rebelles, les libertés publiques ou même la levée des sanctions après que les États-Unis ont sorti Khartoum de sa liste noire des États qui soutiennent le terrorisme, ne font pas oublier aux soudanais que leurs conditions de vie socio-économiques n’ont pas évolué.  

Notamment en cause : les intérêts et méthodes divergents des protagonistes de la transition dirigée par un Conseil souverain, composé d’un tandem mal assorti de civils et de militaires et le gouvernement chapeauté par le Premier ministre Abdallah Hamdok. Un technocrate, ancien économiste de l’ONU, soit, une tête d’affiche destinée à donner des gages à la « communauté internationale », mais timide quand il s’agit de taper du poing sur la table.

Une telle paralysie sur fond de rivalités internes accroit l’insécurité politique, elle-même propice à un retour en arrière. La tentative avortée de coup d’État du 21 septembre dernier pourrait faire figure d’avertissement.  

Teria News

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