« Non au troisième mandat ! ». Vendredi, des milliers de Sénégalais, jeunes et moins jeunes, ont lancé la mobilisation contre un troisième mandat de Macky Sall. À l’appel du mouvement des Forces vives du Sénégal (F24), ils entendent rééditer l’exploit de 2011-2012 contre Abdoulaye Wade.

S’il considère le débat juridique sur une éventuelle candidature à un troisième mandat clos, Macky Sall concède lui-même que la question reste problématique sur le plan politique. C’est précisément ce que sont venus lui rappeler des milliers de manifestants qui, vendredi 12 mai, ont occupé les rues menant à la place de la Nation, à Dakar.

Répondant à l’appel du mouvement des Forces vives du Sénégal (F24), coalition regroupant une centaine de partis politiques et d’organisations de la société civile, les marcheurs ont mis en branle la mobilisation populaire contre les velléités de Macky Sall de se maintenir au pouvoir au terme de son second mandat. Objectif : réitérer l’exploit du Mouvement du 23-Juin (M23), parvenu à dissuader Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat en 2012.

2023 sur les traces du triomphe de 2011-2012  

« Non à la 3ème candidature ! », « Macky, doo bokk ! (Macky tu ne seras pas candidat) », pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants amassés place de la Nation. Autant de slogans qui visent à montrer l’intransigeance du peuple Sénégalais alors que le chef de l’État maintient le flou sur ses intentions. Les manifestants pardonnent d’autant moins Macky Sall que ce dernier marchait à leur côté il y a une décennie pour faire barrage aux ambitions similaires de son prédécesseur Abdoulaye Wade et qu’il a, de plus, été le premier bénéficiaire de la mobilisation de 2011-2012 laquelle, a contribué à le porter au pouvoir.

^{« Nous étions réunis ici en 2011 contre l’ex-président Abdoulaye Wade pour dire non au 3ème mandat. Avec le combat qu’a lancé le F24 j’ai espoir que le président Macky Sall va reculer et ne pas essayer de briguer un 3ème mandat »}

Moussa Diop, membre de la plateforme F24

« L’histoire se répète et nous sommes en train de nous battre contre Macky Sall qui était avec nous lors du combat contre la 3ème candidature de l’ex-président Abdoulaye Wade », a également rappelé Arona Coumba Ndoffène Diouf, membre du F24. « Il faut que le président Macky Sall se ressaisisse tant qu’il est encore temps », a-t-il poursuivi.

« Non » à l’instrumentalisation de la justice

La mise à l’écart de Karim Wade et de Khalifa Sall, respectivement condamnés en 2015 pour « enrichissement illicite » pour le premier, et en 2018 notamment pour « escroquerie aux deniers publics » pour l’ancien maire de Dakar, opposants déclarés à Macky Sall, avaient déjà jeté le discrédit sur la justice sénégalaise jusqu’à subir les réprobations de l’ONU. Celle d’Ousmane Sonko, condamné à 6 mois de prison avec sursis, mettant dès lors en péril ses ambitions présidentielles, ne fait qu’accentuer la défiance des Sénégalais envers l’institution judiciaire accusée d’être, en violation du principe de séparation des pouvoirs, inféodée aux intérêts de l’exécutif.

Au-delà de faire barrage à Macky Sall, le F23 se mobilise également pour la modification de certaines dispositions du code électoral, dont le système de parrainage, condamné par la Cour de justice de la CEDEAO (2021) comme constituant « un véritable obstacle à la liberté et au secret de l’exercice du droit de vote, d’une part, et une sérieuse atteinte au droit de participer aux élections en tant que candidat, d’autre part. » Le F23 annonce d’ores et déjà une autre manifestation pour la semaine prochaine.

Teria News