AfriquePolitique

Burkina Faso : la CEDEAO condamne un « génocide » et agite la menace de la CPI

« Au nom de la CEDEAO, je condamne avec une grande fermeté et indignation le génocide se perpétrant au Burkina Faso dans la région de Karma », déclare Umaro Sissoco Embalo. Après les tueries de Karma, la CEDEAO dénonce un « ciblage des Communautés » Peuhls et menace de traduire les « responsables » devant la CPI.

C’est pour certains internautes un nouveau motif de divorce d’avec la CEDEAO et pour d’autres, la confirmation qu’il ne faut plus rien en attendre. Alors que les vies de civils et de militaires sont quotidiennement arrachées par les groupes terroristes qui sévissent au Burkina Faso, ce n’est que jeudi 27 avril que, via un communiqué, l’organisation a exprimé ses condoléances aux « familles endeuillées » après l’attaque du village de Karma survenue le 21 avril et qui a fait des dizaines de morts. Mais au-delà de la compassion à l’égard des victimes et de leur entourage, le document publié par la Commission de la CEDEAO vient surtout prendre la défense d’une « Communauté » qui ferait l’objet d’un « ciblage » ethnique. Sans la nommer, l’organisation fait ici référence à la communauté Peuhl qui aurait été spécifiquement visée par les forces armées burkinabè et par leurs supplétifs ou Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

Mise en accusation indirecte de l’armée burkinabè

Dans un communiqué également publié jeudi, le gouvernement burkinabè fait état d’informations selon lesquelles des « hommes habillés dans des tenues des forces armées burkinabè » auraient « massacré et pillé les biens de paisibles habitants du village de Karma ». Des forfaits fermement condamnés par les autorités burkinabè qui annoncent l’ouverture d’une « information judiciaire » et promettent de faire tout leur possible pour la « manifestation totale de la vérité dans ce drame ».

Si la menace de recourir à la CPI pour juger les coupables de ce qui pourrait « être traité comme un génocide » est à peine voilée dans le communiqué de la Commission de la CEDEAO, son président en exercice, Umaro Sissoco Embalo se fait plus clair. Dans un tweet, le chef d’État Bissau-guinéen s’exprime sans ambages : « Au nom de la CEDEAO, je condamne avec une grande fermeté et indignation le génocide se perpétrant au Burkina Faso dans la région de Karma », a-t-il déclaré sur le réseau social.

Une CEDEAO « aux ordres » ?

Bien qu’aucune enquête n’ait encore conclu à des exactions de l’armée burkinabè, la CEDEAO condamne les forces du Burkina Faso pour des faits « génocide ». Soit, à ce stade, des accusations aussi graves qu’infondées qui sidèrent les internautes.

« Vous donnez trop raison aux panafricains. Donc depuis le début de cette guerre, c’est la première fois que des civils sont tués ? Quelle honte ! », réagit Rona Aba Aboubacar. « Désolant quoi… Depuis cette tragédie qui endeuille nos populations, c’est la toute première fois que notre organisation fait valoir sa compassion vis-à-vis de son peuple martyrisé », renchérit Bokassa Richard. « Elle adresse le communiqué aux terroristes ? », s’interroge pour sa part Allaye Kouriba. « Jugez d’abord les crimes de guerre en Côte d’Ivoire avant de venir nous casser les tympans », recommande Wendemi Elie Zongo. « Hypocrisie et mépris de cette institution clairement aux ordres. Institution qui a pour but réel de céder l’Afrique de l’Ouest à la Françafrique », accuse quant à lui JosMag.

La temporalité et le contenu du communiqué de la CEDEAO interrogent. Le document a, en effet, été publié une semaine après les tueries. Il apparait ainsi être davantage une réponse à l’emballement médiatique autour du massacre, attribué par certains groupes de presse à l’armée burkinabè, qu’au drame en lui-même. En somme, une « réaction à la réaction » et un alignement tacite sur une lecture des faits qui incrimine les forces de sécurité burkinabè.

Teria News

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page