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« Les Héroïnes » : Louise Marie Thérèse, « Princesse de Moret »

Le peintre officiel du roi de France a intitulé son portrait : « La Princesse Noire religieuse ». Louise Marie Thérèse aurait été la fille illégitime du roi Louis XIV, conçue avec une femme Noire. Découvrez l’histoire de la « Princesse de Moret », un des secrets les moins bien gardés de Versailles.

Les historiens retracent la présence d’Africains Noirs en Europe depuis la Rome antique. Au XVIIIe siècle, la traite transatlantique en a arraché davantage à leur continent pour les porter vers l’Europe. En 1768, les scientifiques estiment qu’il y avait environ 15 000 Noirs à Londres. Ces derniers étaient en grande majorité affectés à des taches domestiques ou à la marine, mais certains se sont faufilés dans les rangs de l’aristocratie locale.

Marie Thérèse, d’après la reine Marie Thérèse…

Les rumeurs sur l’origine de l’enfant allaient bon train au palais de Versailles. Certains ont avancé qu’elle était la fille de la reine Marie-Thérèse, épouse du roi Louis XIV. Louise Marie Thérèse fut confiée en 1664 au couvent des bénédictines de Moret-sur-Loing, abbaye située à proximité du château de Fontainebleau où la cour de Louis XIV avait ses habitudes, particulièrement en automne pour la chasse.

En 1664, la reine donne naissance à son troisième enfant, dont certains témoins se sont étonnés de son teint sombre. Mais les conditions de naissance de l’infant, privé d’oxygène dans le ventre de sa mère, auraient pu expliquer ce détail qui intriguait tant la cour. Alors que la version officielle indique que l’enfant était mort-né, d’autres voix avancent qu’il aurait été secrètement écarté de la cour pour dissimuler sa carnation sombre. Les regards se sont alors dirigés vers le page de la reine, un africain de petite taille appelé Nabu. La cour observait en effet, l’intérêt assidu que le roi portait à ses maîtresses, au détriment de son épouse. Délaissée, Marie-Thérèse aurait trouvé refuge dans les bras de Nabu. Si l’adultère était attendu d’un souverain, il était en revanche impensable qu’une reine s’abandonne à autre que son époux. La rumeur sur la paternité de l’enfant ne désenflant pas, Nabu aurait été banni du palais, voire emprisonné. D’autres ont été jusqu’à affirmer que le serviteur de la reine fut le mystérieux homme au masque de fer. Mais il n’en fut rien. Nabu a continué de travailler au palais bien après la mort de Marie-Thérèse en 1683.

Nommée Louise Marie Thérèse, l’enfant fut l’objet de la curiosité des membres de la cour qui visitaient régulièrement le couvent de Moret pour l’apercevoir, mais surtout, pour examiner ses traits afin d’éventuellement déceler une ressemblance avec la reine Marie Thérèse. Toutefois, les dates ne concordent pas pour soutenir cette première hypothèse.

Ou Louise, d’après le roi Louis XIV

Louise a été confiée au couvent de Moret en 1664, après l’accouchement de la reine, mais elle avait déjà 5 ans. Il ne s’agissait donc pas d’un nouveau-né. Aujourd’hui, les historiens pensent plutôt que l’enfant était la fille illégitime du roi Louis XIV, née d’une union avec une femme Noire. Plusieurs indices soutiennent cette seconde hypothèse.

Premièrement, le nom de baptême de l’enfant, appelée Louise, déclinaison féminine de Louis. Or, il est difficile de penser que le roi permette au fruit de l’union entre sa femme et son amant de porter son nom. Deuxièmement, l’enfant reçut une généreuse allocation de 300 livres par an de la part du trésor personnel du roi. Troisièmement, le peintre officiel du roi, Pierre Gobert, a été envoyé pour faire son portrait au titre évocateur de « La Princesse Noire religieuse ». De plus, le portrait était inclus dans un ensemble de documents, aujourd’hui introuvables, indiqués appartenir à la « fille mauresse de Louis XIV ».

Pour les membres de la cour qui la rencontraient, dont Voltaire, Louise partageait certains traits avec le roi et non la reine. Par ailleurs, quand le dauphin venait lui rendre visite, Louise l’appelait « mon frère ». Madame de Maintenon, seconde épouse secrète du roi, lui rendait régulièrement visite et a pris part à la cérémonie au cours de laquelle Marie-Thérèse a prononcé ses vœux sacrés. À cette occasion, il est rapporté que Louise a dit à madame de Maintenon : « La peine qu’une dame de votre rang prend pour venir ici me dire que je ne suis pas fille de roi, me persuade du contraire ! ». Louise vécut toute sa vie au couvent et décéda à l’âge de 68 ans.  

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