« La Russie se défendra par tous les moyens, y compris avec des armes nucléaires. Nous nous dirigeons vers un conflit à l’échelle mondiale », déclaration choc de Dmitri Medvedev. Quand Joe Biden réaffirme « la volonté de fer de l’Amérique » un an après le déclenchement du conflit russo-ukrainien, le vice-président du Conseil de sécurité russe répond.
Alors que le monde marque le tragique anniversaire du déclenchement du conflit russo-ukrainien, les positions des différentes parties se durcissent. « Nous sommes désormais dans une guerre sans fin, dans un affrontement dont l’issue doit être l’effondrement de l’un ou de l’autre », analysait l’historien et anthropologue Emmanuel Todd. Au regard des discours croisés des présidents Vladimir Poutine et Joe Biden, donnés en l’espace de 24 heures l’un à Moscou, l’autre à Varsovie, cette prophétie semble se réaliser.
Chaque camp fait bloc. D’un côté l’Occident, mené par l’axe otanien Washington-Londres-Varsovie lequel, déterminé à soutenir Kiev jusqu’au bout, ne cache plus s’inscrire dans une guerre par procuration contre la Russie. De l’autre, l’axe Russie-Chine, autour duquel gravitent tous les régimes ouvertement antis occidentaux comme l’Iran. Reste enfin, la majorité silencieuse composée des États du Sud global qui, malgré les pressions exercées par l’Occident pour les rallier à un bras de fer dont ils ne font que récolter les pots cassés en tant que victimes collatérales, notamment avec la déstabilisation économique induite par des taux d’inflation à deux chiffres, continuent d’adopter une position de neutralité.
D’une guerre défensive à une guerre offensive ?
« La Russie se défendra par tous les moyens, y compris avec des armes nucléaires. Nous nous dirigeons vers un conflit à l’échelle mondiale »
Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe
Adopté par les plus va-t’en-guerre, le jusqu’auboutisme militaire consistant à attaquer le territoire russe pour empêcher Vladimir Poutine d’agresser, à leur tour, les États baltes et la Roumanie et à terme, provoquer un changement de régime en Russie, n’est plus un tabou. Ajoutant le geste à ce qui semble être l’intention, les alliés de Kiev lâchent du leste sur leurs réticences de départ en acceptant de livrer à l’armée ukrainienne des armes capables de franchir les frontières de la Fédération de Russie. Les chancelleries occidentales considèrent toutefois inadmissible que la Chine emprunte le même chemin qu’elles en livrant des armes à Moscou. Une « ligne rouge » pour l’Union européenne, selon son représentant aux Affaires étrangères, Josep Borrell.
C’est à cette menace que répond Dmitri Medvedev sous fond de désengagement par Moscou du traité New Start lequel, signé en 2010 par Obama et l’ancien président russe, avait pour objectif de contribuer au désarmement nucléaire partiel de la Russie et des États-Unis. Plus tôt, Vladimir Poutine avait appelé les forces russes à se tenir « prêtes à réaliser des essais d’armes nucléaires », au cas où les États-Unis seraient les premiers à en faire.
L’axe du « Bien » contre l’axe du « Mal »
Dans le manichéisme géopolitique, l’Occident n’en est pas à son coup d’essai. Loin s’en faut. Mais en dépit des dérives de cette logique néoconservatrice dénoncée par les pourfendeurs de l’interventionnisme américain, notamment matérialisé au Moyen-Orient, Washington refuse de faire son autocritique. L’hubris qui a poussé les États-Unis à prétendre exporter la démocratie par les bombes en Irak est-il encore à l’œuvre en ce début de XXIe siècle où il est question, cette fois, d’éteindre à jamais les velléités de superpuissance russes et de ressusciter le statut quo de la fin de la Guerre froide à savoir, la supériorité des régimes démocratiques sur leurs rivaux autocratiques.
Dans cette lecture, l’autoproclamé camp du « Bien » s’oppose à un supposé camp du « Mal » et enclenche un cycle où l’irrationalité règne en maître. S’éloigne alors la perspective de négociations, pourtant unique voie vers la fin des hostilités.
Teria News