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La CEDEAO s’oppose à une fédération Mali-Burkina Faso-Guinée

« On ne va pas vous laisser la faire. Nous sommes à 15, on va rester à 15. » Par ces mots, la CEDEAO marque une opposition ferme à la création d’une fédération entre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée. L’organisation s’engage également à combattre le projet porté par Ouagadougou.

Ancien projet panafricaniste, remis à l’agenda politique par le Premier ministre burkinabè Apollinaire Kyélem de Tambela dès sa prise de fonction fin 2022, l’idée de la création d’une « fédération souple » entre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée fait depuis chemin. Le projet était au cœur de la visite du chef de gouvernement au Mali début février, mais également au menu de la rencontre tripartite des ministres des Affaires étrangères des pays concernés à Ouagadougou le 9 février dernier. Moteur de cette dynamique sous-régionale, Apollinaire Kyélem de Tambela a, à cette occasion, appelé les représentants de ces pays « à se mettre au travail […] pour voir comment réaliser ce désir de nos populations », ajoutant que le « Burkina Faso, le Mali et la Guinée doivent impérativement aller vers le fédéralisme ».

Opposition ferme de la CEDEAO

Sans avoir été formellement consulté sur le sujet, un représentant de la CEDEAO a exprimé le refus catégorique de l’organisation d’accompagner ou même de permettre l’union des trois pays, tous des régimes de Transition pilotés par des militaires et en disgrâce vis-à-vis de la CEDEAO laquelle, les maintient exclus de ses instances de décision.

« On ne va pas vous laisser la faire. Nous sommes à 15, on va rester à 15. »

Sani Malam Chaibou, deuxième vice-président de la CEDEAO, 10 février

Au-delà d’une opposition aux ambitions fédéralistes des États concernés, les mots de Sani Malam Chaibou traduisent la crainte de voir le projet menacer l’intégrité de la CEDEAO. Ainsi, du point de vue de l’organisation, le plan de Ouagadougou s’inscrit en concurrence directe avec la vision portée par la CEDEAO et, au nom de sa survie, doit être combattu.

« Ça se fera avec ou sans vous »

Anticipant l’opposition de la CEDEAO aux ambitions du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée, Apollinaire Kyélem de Tambela a estimé que les trois pays « peuvent vivre sans la CEDEAO ». Si l’organisation régionale « veut nous empêcher de nous réaliser, nous mènerons notre chemin », a-t-il par ailleurs averti.

Si menée à terme, une telle fédération deviendrait le plus grand pays d’Afrique avec plus de 60 millions d’habitants. Le nouvel État disposerait notamment d’une armée et d’une monnaie commune, réalisant alors les aspirations populaires de sortie du Franc CFA, aujourd’hui utilisé par le Mali et le Burkina Faso.   

Teria News

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