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Tchad : interpellation du porte-parole de « Wakit Tama »

Mahamat Déby arrête plusieurs organisateurs de la manifestation anti-française du 14 mai. Max Loalngar, porte-parole de la plateforme « Wakit Tama » a été interpellé par la police ce mardi. Quelle influence sur le « dialogue national inclusif » ?

Une tentative d’intimidation ? Avec cette vague d’arrestations, Mahamat Déby essaie-t-il de museler les voix qui s’élèvent contre la politique française au Tchad ?

Organisée par la plateforme « Wakit Tama », un collectif formé de partis politiques et d’associations de la société civile, la marche du 14 mars avait été autorisée par les autorités tchadiennes. D’une initiative pacifique, la manifestation s’est transformée en une marche violente. Drapeaux français brulés, monuments vandalisés, plusieurs débordements ont été constatés, ce pourquoi les autorités indexent directement les organisateurs.

Destruction d’un monument à la gloire des soldats français à Abéché

Une dérive autoritaire ?

« Contrairement aux informations erronées véhiculées sur les réseaux sociaux, Max Y. Loalngar a été interpellé suite à la marche du 14 mai 2022, transformée en manifestation violente », annonce un communiqué de la police tchadienne publié mardi. « Ce qui s’est passé [samedi] est extrêmement grave […] Les gens vont répondre de leurs actes. Maintenant, ce n’est pas la peine de pleurnicher sur les réseaux sociaux en disant qu’il faut libérer X ou Y », a déclaré dimanche le ministre de la Communication, Abderaman Koulamallah.

À l’instar d’autres têtes de pont de « Wakit Tama », Max Loalngar a été convoqué par la police et devait être entendu par les renseignements généraux. Invoquant une loi qui protège les avocats, le porte-parole de la plateforme avait déclaré qu’il « ne répondra pas à la convocation de la Police ». Il a été arrêté ce mardi.

« Wakit Tama » voit en cette salve d’interpellations, la dérive autoritaire d’un régime illégitime. Au lendemain de la prise de pouvoir de Mahamat Déby, suite à la mort de son père, l’opposition a dénoncé un « coup d’État institutionnel ». En affirmant d’emblée son soutien à la suspension de la Constitution et en assumant être le seul pays occidental à assister à l’intronisation de Mahamat Déby, la France s’est posée en parrain du nouveau régime tchadien sur la scène internationale, usant de toute son influence pour éloigner un passage de témoin antidémocratique de réprobations et sanctions communautaires, voire internationales. Ceci, sans toutefois parvenir à purger la succession tchadienne de ses relents dynastiques.

Un dialogue national dans l’impasse

Alors que le dialogue inclusif, préalable à l’organisation de toute élection, s’enlise, l’arrestation des meneurs de « Wakit Tama » pourrait nuire à un processus déjà mal engagé.  

En effet, un an après la mort d’Idriss Deby, le « dialogue national inclusif », censé permettre le retour à l’ordre démocratique, a été reporté de février à mai, puis à une date « ultérieure ». À la demande du Qatar, affirment les autorités tchadiennes de Transition. Seule une médiation appelée « pré-dialogue » a pu se tenir depuis le 13 mars, toujours à Doha, la capitale qatarie. Les rencontres ont rassemblé des représentants du gouvernement et plus de 250 opposants, issus d’une cinquantaine de groupes rebelles. Ces derniers refusent de négocier directement avec le Conseil militaire de transition (CMT).

Teria News

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