L’OTAN s’affirme en Afrique de l’Ouest. L’Organisation du traité de l’Atlantique nord et la CEDEAO élaborent un futur cadre de coopération en matière de Défense.
La Direction de l’Alerte précoce de la Commission de la CEDEAO et la Direction du Pôle pour l’Axe stratégique Sud de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) ont tenu une séance de travail mardi 10 mai, au siège de la CEDEAO à Abuja.
Objectif de la rencontre : définir les potentiels domaines de collaboration relevant de l’intérêt mutuel des deux entités. CEDEAO et OTAN se sont entendus sur la lutte contre le terrorisme, la piraterie dans le golfe de Guinée et le renforcement des capacités. Selon le directeur de l’Alerte précoce de la Commission de la CEDEAO, ces travaux interviennent à un moment charnière. En effet, la Direction est actuellement en phase d’élaboration du plan stratégique du prochain quinquennat (2022-2026). La délégation de l’OTAN a par ailleurs rencontré le directeur du maintien de la paix et de la sécurité régionale.
Renaissance de l’OTAN à l’Est de l’Europe et en Afrique
Si elle conserve son sens originel pour les pays d’Europe de l’Est pétrifiés par la fougue de la Russie de Vladimir Poutine, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine, il n’en demeure pas moins que 70 ans après sa création, l’organisation cherche de nouveaux débouchés. En l’espèce, collaborer avec la CEDEAO contribuerait à contrer la montée de la Russie et de la Chine sur le continent.
Suspicieuse vis-à-vis de la présence militaire étrangère sur son sol, principalement au vu de son échec à endiguer les menaces sécuritaires, en particulier le terrorisme, l’opinion publique Ouest-africaine devrait voir d’un mauvais œil ce rapprochement entre la CEDEAO et l’OTAN. D’autant, que l’organisation et son expansionnisme, sont des protagonistes de la guerre russo-ukrainienne. Perçue comme belliciste en Afrique, les populations la condamnent massivement pour son rôle dans un ré-embrasement de la Guerre froide qui menace la sécurité globale dans le domaine militaire, mais aussi alimentaire et économique.
En outre, ce partenariat naissant pourrait aggraver le discrédit de la CEDEAO, accusée, à l’aune de sa gestion de la crise malienne, d’être pilotée par l’Occident, dont la France. En permettant à l’OTAN d’avoir un pied dans la sous-région, la CEDEAO ne fera qu’accroitre la défiance des populations à son égard et solidifier leur méfiance. Après avoir été confisquée par un club de chefs d’États, la CEDEAO serait à présent piratée par les grandes puissances. Pis, en collaborant avec l’OTAN, elle enterrerait le principe de non-alignement hérité de ses pères et choisirait son camp: le bloc de l’Ouest.
Teria News
