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Mali : Jean Yves Le Drian et son fils convoqués par la justice

Le ministre français des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian et son fils sont convoqués par le pôle économique et financier de Bamako. Les deux hommes sont visés pour atteinte aux biens publics et autres infractions, aux dépens de l’État du Mali.

Dans un document daté du 20 avril, le juge d’instruction du deuxième Cabinet au Tribunal de Grande Instance de la Commune III du district de Bamako convoque Jean Yves Le Drian et son fils Thomas pour atteinte aux biens publics et autres infractions. Le ministre français des Affaires étrangères y est invité à se présenter le lundi 20 juin 2022 à partir de 8 heures.

Un mauvais deal pour l’État malien

« Le Juge d’Instruction du Deuxième Cabinet au Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako (Pôle Economique et Financier) invite Jean Yves Le Drian ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale de la République Française à se présenter à son cabinet sis au palais de Justice du Tribunal de Grande Instance de la Commune III du district de Bamako le lundi 20 juin 2022 à 8 heure, pour affaire le concernant. »

Les deux hommes sont visés dans l’« Affaire : société civile et MP/C Jean Yves et Thomas, tous Le Drian, pour atteinte aux biens publics et autres infractions, au dépens de l’Etat du Mali. », précise la convocation.

Le dossier a été ouvert par le mouvement Maliko, une organisation qui s’est constituée partie civile. Le 22 février, le collectif a porté plainte contre le père et le fils Le Drian pour « complicité de prise illégale et favoritisme » concernant l’attribution du marché de confection des passeports biométriques maliens. Maliko défend en effet que « les procédures et règles instituées par la législation malienne, en particulier le décret n°2015 – 06040 du 25 septembre portant code des marchés publics, ont été allègrement violées à l’occasion de l’attribution du marché susmentionné ».

La chute de Jean Yves Le Drian ?

En 2015, alors qu’il était ministre de la Défense de François Hollande, Jean Yves Le Drian, d’origine bretonne, aurait tordu le bras à l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, aujourd’hui décédé, pour qu’il cède le marché de la confection des passeports biométriques à l’entreprise bretonne Idemia, anciennement Oberthur. L’attribution se serait faite au détriment de la société canadienne Bank note, jusque là en charge de la fabrication des passeports. Mais surtout, au détriment de l’État malien qui a vu sa facture gonfler de façon exponentielle. Constatant que Bamako avait perdu au change, l’Assemblée nationale malienne s’était saisie de l’affaire.

Artisan de la débâcle française au Mali, la courbe de Jean Yves Le Drian pourrait suivre celle de l’opération Barkhane qu’il a vu naître en tant que ministre de la Défense et mourir en tant que ministre des Affaires étrangères. De facto sur la sellette depuis la réélection d’Emmanuel Macron, Jean Yves Le Drian était déjà en disgrâce à l’Élysée et certaines voix l’annonçaient sur le départ. À l’heure où le président français compose le premier gouvernement de son second quinquennat, cette convocation ne pouvait pas plus mal tomber. Difficile de croire en un hasard au vu de l’état décrépit des relations franco-maliennes. De toutes évidences, Bamako ne souhaite pas que le chef du Quai d’Orsay, avec qui les autorités maliennes ont, à plusieurs reprises, échangé des noms d’oiseau, ait une chance de rempiler.

Teria News

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