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Guerre en Ukraine : le coup de fil de Zelensky à Macky Sall

Volodymyr Zelensky recherche le soutien de l’Afrique. Lundi 11 avril, le chef d’État Ukrainien a appelé son homologue Sénégalais et président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall. Précisions.

Au cours de leur entretien téléphonique, Volodymyr Zelensky et Macky Sall ont abordé la guerre en Ukraine. Le président en exercice de l’Union africaine déclare remercier « le président Zelensky pour son appel de ce jour. Nous avons évoqué l’impact de la guerre en Ukraine sur l’économie mondiale et la nécessité de privilégier le dialogue pour une issue négociée du conflit ».

Enchaînant les prises de parole devant les hémicycles de la planète depuis le 24 février dernier pour sensibiliser les élites, et par leur intermédiaire, leurs populations, Volodymyr Zelensky souhaite en faire de même devant l’Union africaine. Objectif : obtenir une condamnation continentale de l’attaque russe de l’Ukraine. « J’ai noté également sa demande de faire une communication à l’UA », révèle Macky Sall.

Volodymyr Zelensky pour sa part, dit avoir « pris note de la déclaration de l’Union africaine en date du 24/02 sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine » et a « informé » Macky Sall de la « lutte [ukrainienne] contre l’invasion et les crimes odieux de l’agresseur russe ».

Une tradition de non-alignement

Depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien, l’Occident et la Russie essaient d’impliquer le continent en appelant les pays africains à prendre clairement position, ce que beaucoup rechignent à faire en vertu d’une tradition de non-alignement datant de la Guerre froide, notamment consacrée par la conférence de Bandung.

Le 2 mars dernier, contournant le blocage du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution qui « exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine », qu’elle « retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires » et qui « condamne la décision de la Russie d’accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires ». Une résolution historique marquée, du point de vue africain, par l’abstention de 17 pays (sur 35 abstentions au total) dont le Congo-Brazzaville, Madagascar, le Mali, le Sénégal, le Soudan, l’Algérie, l’Éthiopie ou encore l’Afrique du Sud. En revanche, 28 pays du continent comme le Bénin, la RDC, la Côte d’Ivoire, le Tchad, la Tunisie ou le Rwanda ont voté en faveur du texte.

Un mois plus tard, une autre bataille diplomatique s’est jouée, cette fois au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, laissant une nouvelle fois entendre une revendication de neutralité. En effet, si dix pays africains ont voté en faveur de la suspension de la Russie du Conseil (Tchad, Côte d’Ivoire, RDC, Comores, Libye, Liberia, Malawi, Maurice, Seychelles et Sierra Leone), 24 se sont tout de même abstenus (Cameroun, Égypte, Angola, Kenya, Niger, Sénégal, Nigeria, Afrique du Sud, Soudan, Madagascar, Ghana, Guinée-Bissau, Soudan du Sud, Togo, Tunisie, Ouganda, Tanzanie, Botswana, Cap-Vert, Eswatini, Gambie, Lesotho, Mozambique, Namibie) et neuf ont voté contre (Érythrée, République centrafricaine, Mali, Algérie, Burundi, Éthiopie, Congo, Zimbabwe, Gabon). Enfin, onze pays ont choisi de ne pas prendre part au scrutin (Bénin, Burkina Faso, Djibouti, Mauritanie, Maroc, Guinée, Rwanda, Somalie, Zambie, Guinée équatoriale, São Tomé-et-Principe).

En outre, sur le continent, les populations renvoient majoritairement dos à dos Russie et Occident pour leurs responsabilités partagées dans le déclenchement de la crise. La diplomatie souterraine visant à appuyer les uns ou les autres au niveau des instances internationales se heurte donc au positionnement médian, voire russophile des peuples.

Teria News

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