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Contre le terrorisme, le Bénin ouvert à un partenariat avec la France

Le Bénin étudie l’option d’un partenariat de défense avec la France pour contrer la menace terroriste. Au cours d’un échange avec la presse, le porte-parole du gouvernement a évoqué une décision coordonnée entre États de la sous-région. Précisions.

C’est la première fois qu’un membre du gouvernement béninois ouvre explicitement la porte à un partenariat militaire avec la France dans le cadre de la lutte antiterroriste. Depuis l’annonce de la présence du président Patrice Talon au mini-sommet organisé par Paris, en amont du sommet Union européenne (UE) / Union africaine (UA) le 16 février, il ne fait plus de doute que l’option est sur la table des décideurs béninois.

Dans un entretien accordé vendredi au Figaro, le président nigérien Mohamed Bazoum a révélé l’existence d’un consensus entre les pays de la sous-région Ouest-africaine.

« La discussion que nous avons eue mercredi soir a débouché à l’unanimité sur la nécessité d’une réarticulation du dispositif qui était en place au Mali. Cela conduira notamment à une forme de présence de ces forces au Niger et sur le territoire d’autres pays africains, un peu plus au sud, qui en feraient la demande. Au regard des développements récents au Bénin, il est clair que ces pays ont des besoins. Il est prévisible qu’un certain nombre de ces forces soient disposées dans ces régions face à ces nouvelles menaces, ainsi qu’au Niger, qui est déjà dans la tourmente. Les choses vont se préciser à partir du mois de juin et les protocoles seront affinés. »

Mohamed Bazoum, président nigérien

Au cours d’un échange avec les médias en ligne, Wilfried Léandre Houngbédji a confirmé l’approche collective ébauchée par Mohamed Bazoum. Tout en restant vague sur les modalités d’un partenariat avec Paris, le porte-parole du gouvernement béninois a souligné la nécessité d’une décision coordonnée entre États de la sous-région face à la nature transfrontalière de la menace terroriste.

Ainsi, si rien n’est officiellement acté à cette heure, ces déclarations montrent que d’intenses négociations sont en cours entre Paris et les capitales Ouest-africaines pour définir la nature et le cadre juridique d’un futur partenariat de défense antiterroriste avec Paris.  

Scepticisme et hostilité des populations locales

Entre l’envoi d’instructeurs pour former les forces armées béninoises, la fourniture d’équipements et la présence d’une base militaire de Barkhane et/ou Takuba sur le territoire béninois, ce partenariat de défense avec la France pourrait prendre des formes variées dont les contours seront précisés au cours des prochains mois.

En attendant les précisions des autorités béninoises, la population oscille entre scepticisme et hostilité. Scepticisme d’abord, à l’égard de la capacité des forces françaises et européennes (fédérées par la France) à lutter efficacement contre le terrorisme, notamment après leur échec à endiguer la menace après 9 années de présence au Mali. L’état-major français peut-il faire au Bénin ce qu’il n’a pas pu accomplir au Mali ? Hostilité ensuite, une partie de la population estimant qu’en l’absence de résultats tangibles, la volonté française de se maintenir dans la sous-région révèle un agenda caché allant de la sécurisation d’intérêts des fleurons de l’industrie hexagonale à une recolonisation par la militarisation du territoire de ses anciennes colonies sous couvert de lutter contre le terrorisme.

À cet égard, les pourparlers entre les États de la sous-région et la France suscite une incompréhension entre les peuples et leurs dirigeants qui pourraient, au nom de leurs populations respectives, s’engager avec un partenaire à la réputation détériorée.

Teria News

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