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« Civilisations Noires » : Carthage, puissante civilisation du bassin méditerranéen qui défia Rome

En 814 avant J.C dans le bassin méditerranéen, plus précisément dans le golfe de Tunis, nait une puissante civilisation. Fondée par Elyssa-Didon, une princesse tyrienne, la cité punique de Carthage donna naissance à Hannibal, appelé « père de la stratégie ». C’était une civilisation noire.

Grand empire marchand, culturel et militaire de l’antiquité (notamment par sa marine), Carthage s’est étendue sur des territoires plus tard occupés par l’empire romain qui détruisit sa rivale en 146 après J.C., à l’issue de la 3e guerre punique. Rome reconstruit la ville sur les ruines de l’ancienne cité.

« Par leur puissance, ils égalèrent les Grecs ; par leur richesse, les Perses. »

Appien d’Alexandrie, historien grec de l’époque romaine, auteur d’une « Histoire romaine »

Fortifiée par une muraille, Carthage était une société stratifiée, dirigée par des basileis ou des reges. L’aristocratie carthaginoise était d’origine phénicienne tyrienne, les classes populaires étaient composées d’esclaves et d’hommes libres, le plus souvent des artisans, particulièrement habiles dans la création de rasoirs en bronze, masques, bijoux…

Carthage, un carrefour commercial

« Les Puniques inventèrent le commerce »

Pline, historien latin

La cité prospérait sur le commerce de métaux comme l’argent le cuivre et l’étain, des céramiques, amulettes égyptiennes, objets en verre, tissus teints en pourpre, ivoire, bois… Les carthaginois étaient aussi de grands agronomes. L’humanité leur doit le développement de brillantes techniques agricoles, transmises à la postérité comme celle de la plantation des oliveraies.

Les carthaginois étaient un peuple lettré. En effet, les découvertes archéologiques et les récits antiques révèlent la présence de nombreuses bibliothèques contenant des ouvrages sur des sujets aussi divers que la philosophie, le droit, l’histoire, la géographie. Des fragments du traité d’agronomie de l’illustre Magon ont notamment pu être conservés.

Nous sont restés de Carthage : l’acropole de Byrsa, les ports puniques, le tophet punique, les nécropoles, le théâtre, l’amphithéâtre, le cirque, le quartier des villas, les basiliques, les thermes d’Antonin, les citernes de La Malaga et la réserve archéologique, tous conservés par l’UNESCO.

De la négritude de Carthage

Peuple originaire de Djahi en Phénicie et blanchi dans les représentations populaires, les carthaginois étaient Noirs. Les anthropologues Eugène Pittard, Stéphane Gsell, Lucien Bertholon ou encore Ernest Chantre l’ont établi à partir de crânes découverts dans des sarcophages de la cité antique. En effet, les crânes recueillis présentaient des caractéristiques typiques à l’ossature Noire : dolichocéphalie (crâne allongé), prognathisme (extension de la mâchoire vers l’avant) et face courte. Bien que vivant au Proche-Orient, les phéniciens étaient originaires d’Afrique noire et avaient la peau sombre.

Premier titulaire de la chaire d’anthropologie de l’Université de Genève, recteur de l’Université de Genève et fondateur en 1901 du Musée d’ethnographie de Genève, l’anthropologue suisse Eugène Pittard (1867- 1962) dit de crânes carthaginois retrouvés à Syracuse (Italie) : « les crânes retrouvés étaient comprimés au tempes et d’une forme presque rhomboïdale ; l’appareil dentaire très proéminent et bien conditionné […] ; et la forme dolichocéphale et prognathe qui est le caractère de la race ensevelie [crânes de l’ouest de Syracuse] ».

Fondateur de l’institut de Carthage, le français Lucien Bertholon (1854-1914) établit que la face courte et la dolichocéphalie étaient présentes chez tous les crânes carthaginois examinés. Commentant les résultats de Lucien Bertholon, son compatriote Stéphane Gsell (1864-1932), directeur du Musée d’Alger déclare que « plusieurs crânes, recueillis dans des cimetières offrent des caractères propres aux nègres ». Interprétant également les travaux de Bertholon, Eugène Pittard écrivait : « Il a donné des hommes qu’il considérait comme des descendants vivants actuellement, des anciens carthaginois, le portrait que voici : ces sujets avaient une peau très brune (pour ne pas dire noire). Ceci est en rapport avec l’habitude des phéniciens de colorer leurs statues en rouge-brun afin de figurer la teinte des tégumentsle nez est droit parfois légèrement concave. Il est le plus souvent charnu et quelques fois empâté du bout. La bouche est moyenne, parfois assez large. Les lèvres sont le plus souvent épaisses, les pommettes ne sont que peu accusées. » De la prêtresse Tanit, une des figures centrales de la société carthaginoise, Pittard dit qu’elle « présentait des traits négroïdes. » « C’était une africaine de race ! », conclut-il.

Ecartant l’hypothèse d’une civilisation carthaginoise blanche, Stéphane Gsell écrit : « l’analyse anthropologique des squelettes trouvés à Carthage prouve qu’il n’y a pas d’unité raciale ou ethnique. Le type sémitique [Blanc berbère] caractérisé par une face ovale, un nez fin aquilin n’a pas été retrouvé à Carthage. D’un autre côté, le type dolichocéphale avec une face courte, une mâchoire poussée vers l’avant […] est commun aux squelettes retrouvés au Liban et à Tyre. [des Phéniciens négroïdes]. La majorité de la population carthaginoise était négroïde. »

Le grand Hannibal Barca était noir

Hannibal Barca, Annibal ou Hannibal, l’un des plus grands tacticiens militaires de l’histoire, dit « père de la stratégie », est la plus illustre figure de la civilisation carthaginoise. Considéré supérieur à Napoléon ou au duc de Wellington, ses tactiques ont été reprises par Rome, son plus grand ennemi.

Pièce de monnaie représentant Hannibal avec des traits négroïdes

« Plein d’audace pour affronter le danger, Hannibal était aussi plein de prudence au milieu du danger même. Aucune fatigue n’épuisait son corps, ne brisait son âme. Même endurance au froid et au chaud. Nourriture et boisson selon le besoin, non par plaisir. Pour veiller ou pour dormir, aucune différence entre le jour et la nuit. Du repos seulement quand les affaires étaient réglées. Beaucoup l’ont vu souvent s’étendre sur le sol, couvert d’une simple casaque de soldat, au milieu des sentinelles de garde. Rien dans sa tenue ne le distinguait des autres : ce qu’on remarquait, c’étaient ses armes et ses chevaux. Il était de loin le meilleur cavalier et le meilleur fantassin. Le premier, il s’élançait au combat, le dernier, il en sortait. »

Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXI, 4, trad. A. C.

Hannibal Barca défie l’empire romain et manque de peu de conquérir Rome. Le général carthaginois mène une expédition contre l’empire romain. Avec 102 000 hommes et 37 éléphants, il traverse les Pyrénées, le sud de la Gaule, le Rhône et franchit les Alpes en plein mois de novembre. C’est l’un des exploits les plus célèbres de l’histoire militaire ! Toutefois, son armée est décimée par les rudesses de l’hiver. À la suite d’une grave maladie, il perd l’usage de son œil droit. Cela ne l’empêche pas d’écraser en quelques mois les légions romaines après quatre batailles. Suite à ses victoires, il occupe pendant plus de dix ans le sud de l’Italie, sans cependant chercher à entrer dans Rome.

« History Channel » choisit un acteur noir pour incarner Hannibal

Rappelé par le Sénat de Carthage, en 203 avant J.-C, Hannibal est forcé de rentrer. Sur le chemin, il est battu à Zama en 202 av. J.-C. En conflit avec l’aristocratie carthaginoise après la signature du traité de paix entre Carthage et Rome, il s’exile auprès du roi Prusias de Bithynie en Asie Mineure (Turquie moderne). Ce dernier le trahit, poussant Hannibal à se suicider en avalant du poison contenu dans une bague, en 183 avant J.-C.

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