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Les États-Unis rejoignent la campagne anti-Wagner en Afrique

Les États-Unis se disent « alarmés » par l’éventualité d’un déploiement de Wagner au Mali et parlent d’un contrat de « 10 millions de dollars par mois » entre Bamako et Wagner qui selon eux « détourne de l’argent ». Lire la suite du communiqué du département d’État américain publié mercredi.  

C’est une véritable salve diplomatique qu’a essuyé le groupe Wagner et indirectement Moscou ces derniers jours. D’abord, le vote de sanctions par l’Union européenne (UE) lundi puis, l’annonce de la visite d’Emmanuel Macron au Mali pour accentuer la pression sur les autorités maliennes de transition mardi et mercredi, un communiqué du département d’État américain. Coordonnées, ces attaques contre la société paramilitaire russe par les alliés occidentaux sont le résultat des efforts du Quai d’Orsay.

Le Mali, pivot du Sahel

Paris jette toutes ses forces dans la bataille du Mali pour gagner la guerre d’influence engagée contre la Russie au Sahel

Le Mali, hôte de l’opération Serval, remplacée par Barkhane élargie à l’ensemble du Sahel, est la porte d’entrée de la région. À cet égard, le pays est également le précurseur des dynamiques géopolitiques qui se jouent à l’échelle régionale. Ainsi, c’est en toute connaissance de cause que Paris jette toutes ses forces dans la bataille du Mali pour gagner la guerre d’influence engagée contre la Russie au Sahel. La crainte est que Wagner, profitant du rejet populaire de la présence militaire française dans la région, du manque d’efficacité de Barkhane et de la crise des régimes sahéliens face à l’aggravation du contexte sécuritaire, ne s’arrête pas à Bamako mais étende ses opérations aux autres partenaires de Paris. Par effet domino, la France perdrait alors son ancrage au Sahel et une partie de son empire néocolonial, historiquement conçu depuis De Gaulle comme le socle de son influence globale.

Après l’Europe, les États-Unis à la rescousse

« Nous sommes alarmés par un déploiement potentiel des forces du groupe Wagner soutenues par la Russie au Mali », indique le communiqué du département d’État américain. « Nous comprenons que l’accord annoncé qui coûte 10 millions de dollars par mois détourne de l’argent qui pourrait être utilisé pour soutenir les forces armées maliennes et les services publics pour payer le déploiement des forces du groupe Wagner d’Evgueni Prigojine​​​​​​​ au Mali », poursuit le document. « Les forces de Wagner qui sont connues pour leurs activités déstabilisatrices et leurs violations des droits humains n’apporteront pas la paix au Mali, mais déstabiliseront davantage le pays », ajoute-t-il.

« Dans ces endroits, les forces de Wagner ont attisé les conflits et accru l’insécurité et l’instabilité, causant la mort de soldats et de civils locaux et sapant la souveraineté nationale tout en épuisant le trésor national et en détournant des ressources essentielles qui auraient pu être utilisées pour renforcer les capacités des forces armées », affirme le communiqué. « Nous exhortons le gouvernement de transition au Mali à ne pas détourner les maigres ressources budgétaires de la lutte des Forces armées maliennes contre le terrorisme. La richesse du pays, y compris les concessions minières, devrait profiter au peuple malien et ne pas être hypothéquée par des forces étrangères irresponsables qui abusent des populations locales et sapent le contrôle des pays hôtes sur leur propre territoire », appelle le département d’État.

La campagne occidentale contre Wagner aura eu pour effet de faire sortir la Russie de son silence. « L’hystérie qui s’est propagée en Occident autour de ce thème témoigne avant tout de la jalousie de certaines anciennes métropoles européennes à l’égard des États d’Afrique et du Moyen-Orient » dont elles ont été « forcées de reconnaître en leur temps la souveraineté et l’indépendance », a indiqué mardi dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères. Le pays « se réserve le droit de répondre aux actions hostiles de l’UE » et affirme par ailleurs que « les entreprises militaires privées ne sont pas contrôlées par les autorités » russes et défendent le « droit souverain » des pays concernés à faire appel à elles.

C’est un tournant. Avec cette réaction aux sanctions de l’UE, Moscou assume désormais sa connexion longtemps reniée avec Wagner.

Teria News

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