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« Un timbre, une histoire »: qui est Abdoulaye Issa ?

Abdoulaye Issa était l’âme de l’option marxiste typiquement locale, le Sankara version béninoise. La place Tabéra à Parakou, dans la région Nord du Bénin, abrite le mausolée de celui qui repoussa Bob Denard. « Un timbre, une histoire » revient sur son engagement révolutionnaire.

La période marxiste-léniniste a marqué d’un sceau indélébile l’histoire politique du Bénin avec le mérite d’avoir pacifié le pays, autrefois en proie à un balet de coups d’Etat qui lui valut le qualificatif d’ « enfant malade d’Afrique ».

Comment évoquer cette période épique de l’histoire, sans faire référence à l’idéologue du régime très tôt parti en 1977?

Abdoulaye Issa à l’effigie du timbre choisi pour lancer la rubrique « Un timbre, une histoire » fut un acteur majeur du régime du Parti de la Révolution Populaire du Bénin (PRPB), qui était la boussole chargée de l’orientation politique nationale de ce peuple d’Afrique de l’ouest 17 années durant. Sémillant leader politique ayant fortement contribué à l’implantation de l’idéologie marxiste dans ce pays, il était un orateur hors pair et un socialiste convaincu de sa cause, d’où le repère qu’il incarnait pour la jeunesse de ce temps, fière de s’identifier à lui. Jeune hyper-actif à l’époque de la mobilisation révolutionnaire des forces vives pour la construction de l’édifice national, il fut Préfet et Commissaire politique de l’Atacora d’où est originaire le Président Mathieu Kérékou (chef du régime révolutionnaire).

Au retour de sa dernière mission exécutée avec brio, unique victoire d’un peuple africain contre une invasion impérialiste menée par le mercenaire Bob Denard et sa clique le 16 janvier 1977, il fut brutalement arraché à l’affection du peuple le 1er avril 1977 suite à un accident de circulation survenu le 10 février de la même année dans la région du centre, précisément à Setto, soit 50 jours après le drame. Il mena ainsi sa toute dernière lutte de résistance face à la faucheuse et finit par tirer sa révérence au front du service national.

Des rumeurs obscurantistes ont entouré la cause de ce décès tragique. En effet, un de ses employés aurait confessé avoir découvert, quelques jours auparavant, un charognard décapité, aux pattes et ailes sectionnées, accoutré d’une chemisette et d’une petite culotte dans sa résidence de fonction. Comme pour justifier une vendetta face à la lutte farouche de la révolution contre l’obscurantisme qui barrait la route au développement national.

Le deuil national qui s’ensuivit a clairement assombri le firmament du régime révolutionnaire.

La place Tabéra à Parakou, dans la région Nord du Bénin, abrite son mausolée, perpétuant la mémoire de l’illustre homme politique et patriote chevronné qu’il fut. Elle sert de place publique qui accueille encore aujourd’hui la plupart des grands événements de la ville. Éclairé, il l’était. Et son engagement patriotique forçait manifestement l’admiration d’une jeunesse qui se mirait en lui.

Son décès fut un handicap pour le régime qui amorça son déclin et finit par trahir la cause du patriotisme et de l’inclusion en vue de la prospérité populaire. Abdoulaye Issa était l’âme de l’option marxiste typiquement locale, la réplique de Sankara en version béninoise. Son départ tragique marqua la fin des plus belles années de cette aventure politique.

L’Eveilleur de Conscience Panafricaine

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