AfriquePolitique

La surenchère verbale d’Emmanuel Macron va au-delà des relations Mali/France

« C’est une honte et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement » issu de « deux coups d’État », a rétorqué Emmanuel Macron au Premier ministre malien après qu’il a accusé la France d’« abandon en plein vol » devant le monde entier à la tribune de l’ONU. Les dirigeants du Mali « s’essuient les pieds sur le sang des soldats français » avait déjà déclaré sa ministre des Armées. Et si toute cette surenchère allait au-delà des relations Mali/France ?

C’est la réponse du berger à la bergère, mais surtout, la réplique d’une France humiliée par le Premier ministre malien. En effet, plus que les propos, c’est le lieu et le moment où ils ont été énoncés qui piquent au vif la France. Si Choguel Maïga a accusé Paris d’« abandon en plein vol » et de « manque de concertation », son péché ne repose pas seulement sur les mots prononcés, mais l’affront vient de ce qu’ils l’ont été à la tribune de l’ONU, en pleine 76e Assemblée générale, devant un parterre de dirigeants venant de toute la planète, ou, en suivant de près les développements par vidéoconférence. C’est en somme le monde entier que le Premier ministre malien a pris à témoin sur le retrait partiel des soldats français du Mali, Paris ayant prévu de diviser par deux les effectifs de Barkhane et de les réintégrer dans la force « Takuba », aux laborieuses ambitions européennes.   

Pour empirer le tout, ces accusations visant à expliquer le pivot vers la société Wagner, sont intervenues alors que la France essuyait une des pires humiliations diplomatiques de son histoire. En effet, Choguel Maïga a lancé ces piques en pleine « Affaire des sous-marins », déconvenue infligée à Paris par ses alliés Américain, Britannique et Australien, la reléguant au rang de puissance secondaire.

« Je rappelle que le Premier ministre malien est l’enfant de deux coups d’État, si je puis dire. Puisqu’il y a eu un coup d’État en août 2020 et un coup d’État dans le coup d’État. Donc, la légitimité du gouvernement actuel est démocratiquement nulle. Alors qu’hier nous avons présidé à l’hommage national au sergent Blasco et qu’aujourd’hui il est enterré parmi les siens, ce qu’a dit le Premier ministre malien est inadmissible. C’est une honte. Et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement. »

Emmanuel Macron, jeudi 30 septembre, en marge du diner de clôture de la Saison Africa2020 à l’Elysée

La réplique du président Français remet directement en cause la légitimité des autorités maliennes de Transition, en particulier face au report des élections, initialement prévues se tenir en février 2022. Ainsi, Emmanuel Macron jette un double discrédit sur le Premier ministre malien qui donc, n’avait même pas de place à la tribune de l’ONU.

Notons que dans la même lancée, Emmanuel Macron a porté le Niger en exemple. En estimant que le pays avait « un président courageux, le président Bazoum, après un autre président courageux, le président Issoufou, qui font le maximum, se battent pour leur peuple, l’éducation, la santé… Ils font un travail admirable », le président français confirme le nouveau statut du Niger dans la stratégie française au Sahel. Niamey, qui accueillera le QG de Takuba, en est désormais le pilier.

Les dirigeants du Mali « s’essuient les pieds sur le sang des soldats français », avait déjà déclaré sa ministre des Armées, la veille, lors de l’hommage national rendu au caporal-chef français Maxime Blasco, tué le 24 septembre au Mali. Une tragédie, instrumentalisée politiquement pour justifier la présence française au Mali et contester l’existence d’un agenda caché, accusation régulièrement lancée contre la France.

Lire ou relire par Teria News « La France refuse de partager le Mali avec la Russie »

Dans le même temps, les menaces de Paris concernant le recours par Bamako à Wagner se poursuivent. Le Quai d’Orsay multiplie les démarches pour rallier ses alliés européens et américain à sa cause et faire pression pour infléchir l’élan d’émancipation de Bamako.

Teria News

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page