Plusieurs jours après l’éclatement des pillages, les autorités Sud-Africaines semblent dépassées par l’ampleur des violences qui ont fait 80 morts. Déclenchées par l’incarcération de l’ancien président Jacob Zuma, elles sont la manifestation de frustrations latentes d’une société profondément inégalitaire, frappée par le Covid-19 et une crise économique.
Elles ont éclaté après l’incarcération de Jacob Zuma le 7 juillet dernier. En près d’une semaine, plusieurs quartiers de centres urbains du KwaZulu-Natal (dont la ville de Durban) ont été défigurés par des devantures de commerces pillés, des affrontements avec usage d’armes à feu, des bousculades et toute sorte de vandalisme. Au total, cette éruption de violences a fait au moins quatre-vingts morts.
Ras-le-bol social
Présentés dans un premier temps comme les « partisans » de l’ancien président, condamné à 15 mois de prison ferme pour outrage à la justice, les auteurs des violences sont bien plus que des zélés de Jacob Zuma. L’incarcération de l’ancien président n’a été qu’une étincelle, un simple prétexte à l’expression de profondes frustrations sociales latentes. Celles d’une nation durement frappée par la crise sanitaire de Covid-19 et son corollaire économique, suite à des années de faible croissance. Après 4 millions de morts, les rudesses des mesures de lutte contre la pandémie, dont une succession de confinements stricts, la perte de centaines de milliers d’emplois à cause du ralentissement économique, l’incapacité des autorités à apporter un soutien financier adapté aux foyers, l’affaire Jacob Zuma est venue comme un exutoire, un prétexte pour extérioriser la colère.
Loin d’une révolte politique, les violences de ces derniers jours sont des émeutes de la faim, contre la chute du pouvoir d’achat face à la flambée des prix des denrées de première nécessité, contre le chômage (qui caracole à 32,6%), contre la lenteur de la campagne de vaccination (seul 6,5% de la population a reçu au moins une dose de vaccin) et contre les inégalités sociales, aggravées par la crise.
30 ans après la fin de l’apartheid, la nation Arc-en-ciel n’a jamais exorcisé ses démons de violence qui la rattrapent périodiquement et sidèrent la planète. En face, les autorités sont toujours dépassées par les évènements, malgré les 5 000 soldats déployés dans les zones à risques.
Malgré les efforts de relance, les perspectives de croissance de l’Afrique du Sud sont seulement de 3% cette année. Les Nations unies évaluent à cinq ans le temps qu’il faudra au pays pour renouer avec son niveau d’activité d’avant Covid-19.
Teria News