À l’occasion des 100 jours de la présidence Joe Biden, solennellement marqué par un discours de politique générale prononcé le 28 avril devant le Congrès, Teria News revient sur les virages opérés par le nouveau président américain sur la scène internationale depuis son investiture le 20 janvier et sur les inflexions de sa politique africaine.
Depuis son investiture le 20 janvier dernier et même pendant la période de transition entre le départ formel de l’administration Trump et l’installation de son équipe à la Maison blanche, Joe Biden travaille à la restauration du leadership des États-Unis dans le monde.
Inexorable déclin américain
Pour plusieurs raisons, celui-ci a essuyé un net recul. D’abord, par un désengagement conscient et une déflation des ambitions géopolitiques des États-Unis, qui sous Trump ne voulaient clairement plus du titre de « gendarme de la planète ». Ensuite, par le style anticonformiste, faussement brouillon (car en réalité souvent étudié) de la présidence Trump, dont la provocation a culminé en l’attaque du Capitole par ses partisans le 6 janvier, jour de la certification de Joe Biden. Bilan : 5 morts et le certificat officiel de décès de la démocratie américaine, qui dès lors, a perdu son statut et son autorité d’apôtre de la démocratie dans le monde. Ce jour était aussi celui de la victoire de Vladimir Poutine et d’une forme de revanche historique de la Russie sur le modèle américain.
Russie et Chine, faire-valoirs du modèle démocratique américain
Joe Biden doit remonter la pente et bien conscient de cela, il a recours à une stratégie classique : utiliser un « ennemi », désigné comme le « mal » et l’opposé de ce qu’une nation représente, comme faire-valoir. Le chaud existe par rapport au froid, le sucré par rapport au salé et le bien par rapport au mal. Ici, le retour à une ligne dure envers la Russie et l’ajout d’un nouvel ennemi: la Chine, dont les États-Unis ont peur, car conscients qu’elle est en passe de les éclipser en matière de dynamisme économique, d’innovation technologique et autres. Sachant leur relégation à la deuxième place des puissances mondiales inéluctable, les États-Unis n’ont d’autre option que de mettre en valeur leur modèle démocratique. Raison pour laquelle a été entamée une campagne de dénonciation du traitement des Ouïghours. Révoltant, indigne et intolérable oui, mais le soudain intérêt de Washington pour ces populations persécutées par Pékin n’en est pas moins intéressé et doit être placé dans le contexte d’une tentative de rebond.
Lire et relire l’analyse de Teria News: La diabolisation de la Russie, un besoin existentiel des Etats-Unis.
Joe Biden l’ami des Africains ?
« America is Back« , n’a-t-il pas affirmé à ses homologues du G7 le 19 février ? Le discours de Joe Biden lors du 34e sommet de l’Union africaine le 5 février, s’inscrit aussi dans cette logique.
Toutefois, à tous les Africains et Afro-descendants qui s’en émeuvent, il faut se souvenir que le leadership dont il est question est un impérialisme qui, du soft power aux « croisades » pour installer la démocratie, est une domination conquérante.
Il faut également s’étonner et s’inquiéter de ce que les populations sur le continent l’appellent de leurs vœux, quand l’invasion de la Libye n’est pas si loin. Il faut distinguer le soulagement d’un retour à une forme de bienséance géopolitique, de respect de codes diplomatiques, voire d’une certaine bien-pensance… et l’appel inconscient au retour à l’hypocrisie, la pure communication qui consiste à présenter la présence et les investissements des États-Unis en Afrique comme de la solidarité ou de la compassion.
Une fois pour toutes, jouons cartes sur tables. Il s’agit avant tout de relations d’intérêt.
Teria News