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Sénégal : l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko a été levée vendredi 26 février

Le président du Pastef et premier opposant à Macky Sall depuis le ralliement d’Idrissa Seck à la majorité présidentielle n’est plus protégé par son immunité parlementaire dans l’affaire de viol avec menaces de morts pour laquelle la gendarmerie souhaite l’entendre.

Depuis vendredi, Ousmane Sonko est redevenu un justiciable ordinaire. Le député ne peut désormais plus se prévaloir de son immunité pour justifier son absence aux convocations des enquêteurs dans l’affaire de mœurs qui menace sa réputation comme son avenir politique.

Sur les députés présents, 98 ont voté en faveur de la levée de l’immunité d’Ousmane Sonko, un a voté contre et deux se sont abstenus. Ceux de l’opposition ont quitté la salle avant le vote.Les 98 pairs d’Ousmane Sonko ayant voté la levée d’immunité se sont conformés aux recommandations de la Commission ad hoc chargée d’examiner la procédure, installée le 15 février. Dans le rapport de la Commission, les députés estiment que « le député Ousmane Sonko doit aller se défendre devant la justice et l’accusatrice doit avoir la possibilité de se défendre devant la justice, seule compétente pour dire le droit et faire triompher la vérité ».

L’accusatrice, une masseuse du salon « Sweet Beauté », affirme que l’opposant l’a violée et l’a menacée de mort sur son lieu de travail, et ce à plusieurs reprises. Le président du Pastef a admis être un client régulier de ce salon, qu’il dit toutefois fréquenter pour des « raisons médicales », et nie les accusations de la plaignante.

Une procédure jugée illégale et expéditive

L’opposition dénonce plusieurs vices de formes. Le 20 février, en signe de protestation, deux députés de l’opposition ont même démissionné de la commission ad hoc, pointant le manque d’indépendance de l’Assemblée nationale. La mouvance présidentielle y affiche une majorité écrasante avec 125 députés sur 165.

Une justice aux ordres qui broie les opposants?

Même sans son immunité, Ousmane Sonko refuse de déférer aux injonctions de la justice.

« Si Macky Sall veut me liquider, il devra, pour une fois, accepter de se salir les mains », a-t-il déclaré jeudi lors d’une conférence de presse, en anticipation de la levée de son immunité parlementaire actée le lendemain. « Je ne répondrai pas à une telle convocation parce que les règles de la procédure de levée de l’immunité n’ont pas été respectées », a-t-il poursuivi. Le député a également dénoncé une procédure « expéditive » et qualifié les juges qui instruisent le dossier de « triangle des Bermudes judiciaire ».

La rue, unique rempart contre le pouvoir

Vendredi matin, certains de ses partisans ont brûlé des pneus sur la chaussée dans plusieurs quartiers de Dakar et de sa banlieue.

Si elle prend de l’ampleur, cette révolte populaire constitue la seule protection dont peut espérer bénéficier Ousmane Sonko. C’est conscient de ce fait que le député multiplie les conférences de presse. Prendre à témoin le peuple Sénégalais, en particulier sa jeunesse et faire peser une menace de trouble à l’ordre public est son seul rempart contre la justice de son pays et une probable arrestation. L’espoir reste toutefois mince. En effet, d’aucuns conservent le souvenir qu’en leurs temps, les manifestations de soutien à Khalifa Sall et Karim Wade n’ont eu que peu d’effet sur l’issue des procédures judiciaires engagées contre eux, même avec le renfort d’institutions internationales comme le Comité de l’ONU sur les droits de l’homme.

Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, maintient le flou sur l’éventualité d’une candidature à un troisième mandat, malgré la limite de deux instaurée après une révision constitutionnelle approuvée en 2016.

Teria News

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