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Pourparlers entre la CEDEAO et le Niger sur la durée de Transition

Réouverture du dialogue officiel entre la CEDEAO et le Niger. Abuja et Niamey se renvoient la balle autour d’une durée de Transition de 15 à 18 mois. Alors que la France a jeté l’éponge avec la fermeture de son ambassade au Niger, CEDEAO, États-Unis, Allemagne et ONU normalisent leurs relations avec les nouvelles autorités militaires de Niamey.

Le va-et-vient officiel entre Abuja et Niamey a repris. Au cœur des pourparlers : le calendrier de Transition du CNSP nigérien. Alors qu’elles étaient jusqu’ici braquées sur la consultation d’un « forum national inclusif » comme seul mode de désignation légitime et souverain de la période de Transition, les nouvelles autorités militaires de Niamey acceptent désormais de discuter d’un chronogramme consensuel avec la CEDEAO. Désigné, d’abord par le CNSP, puis par l’organisation sous-régionale au cours de son sommet ordinaire du 10 décembre dernier aux côtés de ses homologues béninois et sierra-léonais au sein d’un comité de médiation, le Togo de Faure Gnassingbé joue un rôle prépondérant dans les négociations.

Vers une percée devant mener à la levée des sanctions

À couteaux tirés depuis le putsch du 26 juillet et les sanctions, inédites dans leur brutalité, décrétées contre le Niger dans la foulée du coup de force militaire, Niamey et Abuja semblent sur le point de trouver un terrain d’entente sur la durée de Transition, comme sur le sort de l’ancien président Mohamed Bazoum, ouvrant dès lors la voie à une levée graduelle de l’embargo communautaire.

D’une durée maximale de 3 ans, les discussions porteraient désormais plutôt sur un calendrier de 15 à 18 mois. Elles sont essentiellement menées sous le leadership de Faure Gnassingbé qui, au sein du comité de chefs d’États formé par la CEDEAO, emporte le plus la confiance du CNSP lequel, tient encore rigueur à Patrice Talon d’avoir été une des voix communautaires les plus porteuses en faveur d’une intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions, mais aussi d’avoir appliqué de façon stricte les sanctions de la CEDEAO contre le Niger, lui fermant ainsi l’accès au port de Cotonou. En dépit de l’ouverture manifestée par le président béninois dans son discours sur l’état de la Nation, prononcé jeudi 21 décembre, les séquelles de cette séquence diplomatique entre les deux pays voisins s’annoncent durables. Le Togo au contraire, engrange les dividendes de sa neutralité : politiquement avec la confiance de Niamey et économiquement avec le positionnement du port de Lomé comme futur lieu de transit des biens importés et exportés par le Niger, au détriment de celui de Cotonou. Le Bénin étant peu audible par le CNSP, c’est Lomé qui a pris les rennes des négociations, le chef d’État togolais prévoyant de se rendre prochainement à Niamey, après une discrète première visite post putsch.

Longtemps tranchées, les positions des deux parties sur l’avenir de Mohamed Bazoum, toujours privé de liberté, semblent également s’adoucir. Les militaires envisagent désormais de le libérer à condition qu’il reste au Niger alors que la CEDEAO préfère que lui soit offerte l’option d’un exil. Une fois ces goulots d’étranglement levés, le joug de l’embargo communautaire devrait être brisé.  

Normalisation progressive du CNSP nigérien

Si l’annonce par la France de la fermeture de son ambassade à Niamey acte le divorce d’avec le Niger et fait craindre une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, elle s’inscrit à contre-courant des inflexions diplomatiques pragmatiques de la CEDEAO et du reste de la communauté internationale à l’égard de Niamey.

En effet, alors que les derniers soldats français quittaient le Niger, l’Allemagne représentée par son ministre de la Défense mardi 19 décembre, a dit sa volonté de « poursuivre » et « renforcer » sa coopération militaire avec le Niger, lors d’une visite à Niamey. La veille de plus, les autorités militaires nigériennes ont obtenu la reconnaissance de la Commission des pouvoirs de l’Organisation des Nations unies. Menant désormais la danse sur les dossiers brûlants du continent africain, même en zone dite francophone à l’instar de la Centrafrique, les États-Unis poursuivent la normalisation de leurs relations avec le Niger. Sa nouvelle ambassadrice Kathleen FitzGibbon (arrivée fin août) devant bientôt présenter ses lettres de créance auprès du CNSP, Washington a envoyé à Niamey Molly Phee, secrétaire d’État adjointe américaine aux Affaires africaines. Cette dernière a souligné que le pouvoir militaire nigérien doit annoncer « un délai pour une transition rapide et crédible » devant déboucher sur « un gouvernement démocratiquement élu ». « Nous avons confirmé que nous sommes prêts à reprendre notre coopération si le CNSP prend les étapes que j’ai décrites », a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse clôturant son séjour au Niger, le 14 décembre.

Teria News

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