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Libye: Abdel Hamid Dbeibah, ingénieur et riche homme d’affaires de 61 ans, a été élu Premier ministre, vendredi 5 février, à Genève

Attendu à Tripoli où sa légitimité est déjà contestée, Abdel Hamid Dbeibah promet d’écouter et de travailler « avec tous les Libyens ».

Réputé proche de la Turquie et des Frères musulmans, il revient à Abdel Hamid Dbeibah de conduire son pays vers des élections en fin d’année et surtout de pacifier la Libye. Au nombre des 75 participants au Forum de dialogue politique, le processus lancé par l’ONU en novembre à Tunis, Abdel Hamid Dbeibah a été porté à la tête du nouvel exécutif par intérim Libyen. Cet organe de transition devant conduire aux élections de décembre, est composé de quatre dirigeants, à savoir le Premier ministre et un Conseil présidentiel de trois membres. Alors qu’il est chargé de cimenter un pays fragmenté, le nouveau Premier ministre n’apparaît pas avoir la légitimité nécessaire, son parcours et son mode de désignation jouant en sa défaveur.

Certains reprochent à Abdel Hamid Dbeibah d’avoir occupé des fonctions importantes sous le régime de Mouammar Kadhafi. En effet, il a notamment dirigé la Compagnie libyenne d’investissement et de développement (Lidco), piloté des projets de construction, dont un millier de logements à Syrte, ville natale de l’ancien dirigeant Libyen, et un complexe administratif dans la province de Joufra. Mais c’est dans le secteur du bâtiment qu’Abdel Hamid Dbeibah a fait fortune, devenant l’un des hommes d’affaires les plus prospères de Misrata. Il a aussi fait l’objet d’enquêtes en Libye et dans d’autres pays pour malversations.

Un programme ambitieux « Nous utiliserons l’éducation et la formation comme chemin vers la stabilité. Nous travaillerons pour que les organes de sécurité soient professionnels et que les armes soient sous le monopole de l’État. Il sera interdit de porter des armes en dehors des institutions de l’État », a-t-il déclaré mercredi lors d’une intervention par visioconférence devant le Forum réuni à Genève. Abdel Hamid Dbeibah souhaite aussi créer un ministère pour la Réconciliation nationale, réduire l’écart des salaires des fonctionnaires, subdiviser le territoire en zones sécuritaires et résoudre « en six mois au plus », le problème des longues coupures d’électricité que doivent supporter les Lybiens.

Le nouveau Premier ministre promet également de faire revenir les gros investisseurs étrangers qui ont fui le pays après 2011. En direction de la jeunesse, il entend créer des emplois qui ne sont pas « nécessairement dans l’armée ou la police ». Peu pariaient sur la liste d’Abdel Hamid Dbeibah, laquelle ne faisait à priori pas le poids face à celle de figures influentes telles que le président du Parlement Aguila Saleh et le ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha. Ce choix pourrait être qualifié de vote sanction contre une classe politique dont les Libyens critiquent souvent l’absence de renouvellement. Il permet aussi de sortir du duel entre Fayez el-Sarraj et Fathi Bachagha qui a structuré ces derniers mois de la vie politique libyenne. Peu d’espoirs étaient portés sur Abdel Hamid Dbeibah à l’ouverture du Forum lundi, peu d’enthousiasme l’est aujourd’hui qu’il a, contre toute attente, remporté ce processus de désignation.

Teria News

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