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Côte d’Ivoire : 12 mois de prison, 5 mois de probation et 5 millions d’amende pour le duo « Yodé & Siro ». Ainsi a tranché le Tribunal d’Abidjan, où les artistes étaient jugés pour avoir rappelé au procureur de la République « qu’un mort est un mort », sortie qualifiée d’outrage à magistrat

Le zouglou, connu pour être un mouvement musical de dénonciations en Côte d’Ivoire, ses chanteurs sont reconnus comme des militants chevronnés d’une société civile non régulière.En témoigne le duo légendaire « Yodé & Siro » dont la verve et l’engagement ne manquent d’impacter le peuple ivoirien à travers leurs mélodies.

Le 29 novembre dernier, à l’occasion d’un concert à Yopougon, ils avaient vertement interpellé le procureur de la République, Richard Adou, accusé de partialité. « Le procureur […] est le procureur d’un seul camp. C’est quel pays ? Allez dire au procureur Adou Richard qu’un mort est un mort », avaient chanté les artistes.

Leur aisance à opiner sur l’actualité leur a valu une convocation à la brigade de recherche et la garde à vue qui s’en est suivie dans l’affaire « Le procureur contre Yodé et Siro ». Six avocats se sont portés volontaires pour défendre leur cause, sans oublier les multiples soutiens d’autorités politiques, d’artistes et de citoyens lambda.

Quelques échanges au tribunal sont ici rapportés par votre média:

Siro : »Monsieur le juge tout ce que nous chantons n’est pas frontal et il ne faut pas prendre ce que nous disons au premier degré mais avec philosophie et au deuxième degré, parce que quand on vit en société on doit prendre en compte les pensées des autres ».

Procureur : « Siro il n’y a pas de courtoisie dans votre musique ? »

Siro : »Dans les notes de la musique, il n’y a pas de courtoisie ».

Procureur : »Dans la musique n’y a t-il pas de courtoisie ?

Siro : »Non dans les notes de la musique il n’y a pas de courtoisie, les notes de la musique sont Do Re Mi Fa Sol la si, ya pas courtoisie « .

Alors que le procureur avait requis contre eux deux ans de prison avec sursis, aggravés d’une amende de 5 millions de francs CFA, le verdict final a maintenu l’amende, mais a divisé la peine de prison par deux. Les compairs ont ainsi écopé de 12 mois de prison, 5 mois de probation et 5 millions d’amende chacun.

Aucun mea culpa de la part des artistes : « Nous avons relayé le message de la population. Depuis 1996, nous faisons les meilleures ventes et les meilleurs albums parce que nous sommes dans la vérité. M. le président, je ne suis pas allé loin à l’école, mais je sais que le procureur exerce un emploi public et donc la loi m’autorise, en tant qu’Ivoirien à critiquer tout ceux qui exercent un mandat public », a même renchérit Siro.

Ce procès n’a fait qu’ajouter à la crispation post électorale qui caractérise déjà le climat socio-politique. Il signe pour les avocats des chanteurs, l’autoritarisme du régime Ouattara et ses assauts répétés contre la liberté d’opinion et d’expression en Côte d’Ivoire. Sous le feu des critiques pour sa répression de l’opposition, il s’agissait aussi d’un procès que le régime ne pouvait se permettre ni de perdre, ni de gagner…

Teria News

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