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57e sommet ordinaire de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)

Lundi 7 septembre, les chefs d’États et de gouvernements de la sous-région se sont en priorité penchés sur la crise malienne. L’institution maintien les sanctions contre le Mali, exige la désignation d’un Président et d’un Premier ministre civils d’ici le 15 septembre, ainsi qu’une transition d’une durée maximale de 12 mois.

« Le temps des coups d’État dans l’espace de la CEDEAO est révolu », a martelé le Président en exercice de l’institution, Mahamadou Issoufou, avant d’appeler à « un rétablissement rapide de toutes les institutions démocratiques ». Une fois encore, la voix de l’organisation sur la crise malienne est décalée. Loin d’accompagner la future transition, la CEDEAO semble vouloir s’emmurer dans un déni de réalité, et encore une fois marquer sa désapprobation envers le dernier acte de la crise malienne.

Pour sa première réunion en présentiel depuis l’apparition du Covid-19, c’est de haut que la CEDEAO continue de traiter le dossier malien depuis la prise de pouvoir des militaires par un coup d’État le 18 août dernier.

En effet, et sans surprise, les chefs de l’État ont voté à l’unanimité le maintien de toutes les sanctions prises à l’encontre du Mali. De plus, la CEDEAO donne un ultimatum d’une semaine, soit jusqu’au 15 septembre au Comité national pour le salut du peuple (CNSP) pour désigner un Président et un Premier ministre civils de la transition. La CEDEAO rappelle également sa fermeté concernant le délai d’un an arrêté unilatéralement pour la durée de la transition. Concernant la vaste concertation nationale lancée par le CNSP samedi 5 septembre, les chefs d’État de la CEDEAO disent simplement « prendre acte ».

Selon le ministre nigérien des Affaires étrangères, Kalla Ankourao, après le 15 septembre, plusieurs institutions internationales pourraient quitter le Mali. Des institutions qui s’alignent sur la CEDEAO. Ainsi, l’envoyé spécial des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, a déclaré que l’ONU soutenait les efforts de la CEDEAO et de son médiateur dans la crise malienne, Goodluck Jonathan, pour la stabilité institutionnelle du Mali.

La fin de semaine pourrait préciser les contours de la transition malienne, au centre de la deuxième phase des travaux entamés samedi. Pour l’heure, un comité d’experts planche sur les documents et les propositions reçues de différentes régions du Mali, qui devront être synthétisées en vue de la reprise des concertations nationales jeudi.

Sécurité et Eco également au menu des discussions

En dehors du Mali, il était également question lundi de la monnaie commune Eco, dont la mise en circulation semble renvoyée aux calendes grecques. Dans son discours inaugural, Mahamadou Issoufou a appelé à l’élaboration d’une « nouvelle feuille de route tout en maintenant une approche graduelle pour le lancement de la monnaie commune ».

« La Conférence s’est félicitée de la situation de la convergence macroéconomique qui a connu une amélioration en 2019 par rapport à 2018. Toutefois, elle note que même si la convergence a pris fin le 31 décembre 2019, les conditions nécessaires permettant à la CEDEAO de passer à une phase de stabilité et de consolidation de la performance ne sont pas réunies, comme énoncées dans le Pacte de Convergence et de stabilité macroéconomique entre les Etats membres de la CEDEAO », lit-on dans le communiqué final du sommet.

« L’Eco en tant que monnaie scripturale ou fiduciaire ne pourra pas voir le jour avant une période de trois à cinq ans. Pendant cette période, bien évidemment, nous continuerons d’utiliser le franc CFA, qui est une bonne monnaie, appréciée de tous et surtout des pays voisins »

Alassane Ouattara

Concernant les défis sécuritaires, le Président nigérien a rappelé que la sous-région est soumise « aux menaces des organisations terroristes et criminelles ». En 2019, la CEDEAO avait élaboré un « plan d’action » chiffré à 2,3 milliards de dollars pour « éradiquer le terrorisme dans la région » sur la période 2020-2024. Toutefois, de l’aveu même du Président Issoufou, ce plan souffre d’un manque cruel de financement. « Les difficultés de mobilisation des financements handicapent la mise en œuvre de ce plan. Mis à part la contribution versée par les pays membres de l’UEMOA, les autres promesses de contribution tardent à se concrétiser », a-t-il admis, avant d’appeler à la « solidarité de tous les pays membres » car « la menace s’étend et les risques sont grands qu’elle métastase dans l’ensemble de notre région ».

Coups de force constitutionnels

Accusée de garder un silence complice et coupable sur les velléités de 3e mandat des Présidents ivoirien Alassane Ouattara et guinéen Alpha Condé, Mahamadou Issoufou, qui en respect de la Constitution nigérienne a annoncé quitter son fauteuil à l’issue de la présidentielle de 2021, a demandé, d’aucuns diraient timidement, à ses pairs de « veiller à ce que notre communauté conserve son leadership en matière de consolidation des institutions démocratiques ».

« En tant que dirigeants de nos États membres individuels de la CEDEAO, nous devons adhérer aux dispositions constitutionnelles de nos pays, en particulier sur la limitation des mandats. C’est un domaine qui génère des crises et des tensions politiques dans notre sous-région »

Muhammadu Buhari

Cependant, alors que le spectre d’une crise post-électorale plane sur la Côte d’Ivoire et la Guinée, la CEDEAO n’y dépêche aucune médiation.

Au terme d’une année de présidence, Mouhamadou Issoufou a passé le témoin à son homologue ghanéen Nana Akufo-Addo.

Teria News

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