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Au Mali, le torchon brûle entre le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP)

Dans un communiqué cinglant, la coalition a refusé de prendre part aux discussions sur l’organisation de la transition, auxquelles la junte a convié les forces vives maliennes ce samedi, avant de la reporter.

Une heure avant la réunion, le CNSP a reporté la concertation pour « des raisons d’ordre organisationnel ». Faut-il y voir un lien avec les déclarations du M5?

Dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi, le M5-RFP dit regretter « n’avoir pas été invité à ladite rencontre », et a rappelé que les Forces armées et de sécurité ont parachevée, le 18 août 2020, « la lutte patriotique du Peuple malien à travers les manifestations publiques durant plusieurs mois dans le but de contribuer à l’émergence d’un Mali nouveau ».

M5-RFP « est et demeure un acteur majeur de ce changement voulu et doit être associé au premier plan à la conception de l’architecture de la Transition avec l’ensemble des forces vives de la Nation », poursuit le communiqué. Par ailleurs, le mouvement invite le CNSP à une « concertation urgente » entre les deux forces « comme cela avait été souhaité lors de la rencontre de prise de contact du 26 août 2020 ».

À ce communiqué s’ajoutent les avertissements de l’imam Mahmoud Dicko. La tête de pont du M5 a refusé vendredi de donner « carte blanche » ou un « chèque en blanc » aux militaires.

Notons que le CNSP qui s’est dès le 19 août placé du côté du peuple envers lequel il a dit prendre « ses responsabilités », n’a rencontré le M5-RFP que mercredi 26 août, soit plus d’une semaine après le putsch du 18 août.

La CEDEAO exige une transition de 12 mois maximum

Sans entente entre la junte et le M5, la transition civile de 12 mois à laquelle la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a appelé le CNSP semble difficilement réalisable. À l’issue d’un sommet extraordinaire tenu par visio conférence vendredi, les Chefs d’État de l’organisation ont rappelé à l’ordre le CNSP concernant la durée de la transition et ont réitéré leur appel aux militaires de retourner « dans leurs casernes ».

Le ton de la formule relève principalement de la communication. Contrainte d’entériner la démission d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK) et d’engager un dialogue avec le CNSP, les Chefs d’État de la CEDEAO s’éfforcent de garder la face, en notifiant de façon musclée leur refus de considérer la junte comme un interlocuteur de même statut.

Alors que certains s’attendaient à un allègement des sanctions après la libération d’IBK jeudi, la CEDEAO les a maintenu. Avec ces mesures l’organisation avait en somme montré son jeu d’entrée. Ainsi, ayant déjà abattu sa carte la plus lourde, elle tente de tirer le maximum de son principal levier de pression. Ici, pousser les militaires à ouvrir une « transition civile immédiate », et écourter cette transition des 2 ans proposés par la junte, à 12 mois, avec un Président et un Premier ministre civils. Ce, alors que ce CNSP a octroyé les fonctions de Chef d’État à son leader Assimi Goïta par un « acte fondamental » publié au Journal officiel le 27 août.

Teria News

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